En ce mardi, une délégation du mouvement syndical guinéen a entrepris une visite empreinte d’émotion auprès des familles endeuillées de deux jeunes âmes disparues, Ibrahim Touré et Mohamed Keita. Ces jeunes, sacrifiés lors de la grève orchestrée le mois dernier par le mouvement syndical, ont suscité des remerciements sincères de la part des parents éplorés, bien que le regret de la répression exercée à l’encontre de chaque manifestation plane lourdement.
Le 26 février dernier, Ibrahim Touré et Mohamed Keita ont tragiquement perdu la vie, non pas au cours d’une manifestation qu’ils avaient appelée, mais sous les balles des forces de défense et de sécurité. Boubacar Barry, chef de la délégation, déplore amèrement cette réalité brutale, soulignant le rôle fondamental de l’État envers ses citoyens. « L’État, dans le cadre des manifestations, a l’obligation d’encadrer les événements, même lorsqu’il s’agit de manifestations de rue, même si elles ne sont pas pacifiques. L’État doit œuvrer pour les pacifier, donc rien ne peut justifier l’assassinat d’un manifestant, surtout lorsqu’il est à son domicile », souligne-t-il avec fermeté.
Depuis le décès de Mohamed Keita, la famille a reçu des messages de compassion, mais regrette l’absence d’une réelle implication des autorités. La sœur de Mohamed, Mariam Kankalabé, exprime ses sentiments de réconfort envers la délégation syndicale: « Votre venue nous réconforte d’avantage, car depuis que l’acte s’est produit, aucune autorité ne s’est manifestée. Votre présence soulage, car c’est suite à votre mot d’ordre de grève qu’il a péri. Merci, que Dieu vous récompense. »
Le père d’Ibrahima Touré, bien qu’endeuillé par la perte tragique de son fils à Hamdallaye, en banlieue de la capitale Conakry, trouve du courage dans la visite de la délégation syndicale. « La visite des syndicalistes nous réjouit à plus d’un titre. Nous avons compris qu’ils se préoccupent de nous. La seule chose que nous déplorons, c’est qu’à la moindre protestation, ils viennent nous réprimer sans défense. Ils n’ont qu’à nous aider à corriger cela », implore-t-il avec une voix teintée de tristesse.
Au fil des descriptions poignantes des circonstances entourant la mort de leurs enfants, les parents endeuillés n’aspirent désormais qu’à une justice équitable pour les leurs. La douleur persiste, mais l’espoir d’une réponse adéquate à cet appel pressant anime leurs cœurs meurtris.
Saliou Keita