La liberté de la presse en Guinée traverse une période sombre. Quelques mois après la suspension de plusieurs médias des bouquets Canal+ et Startimes, les autorités de la transition ont franchi un nouveau cap le 22 mai 2024. En révoquant les licences d’installation et d’exploitation de FIM, Espace FM-TV, Sweet FM et Djoma Médias, elles ont non seulement précipité leurs employés dans le chômage, mais aussi déclenché une vague d’indignation parmi les acteurs sociopolitiques guinéens.
Lors de l’assemblée générale hebdomadaire du RPG Arc-en-ciel, Marc Yombouno, ex-ministre du Commerce, a exprimé son soutien indéfectible à une presse qu’il considère injustement ciblée par les autorités actuelles. « Les médias sont les sentinelles de la démocratie. Ce sont les voix des sans-voix. Ce qu’un paysan ne peut pas dire publiquement dans un village de Yomou, un média peut le dire au grand public. Ce qui est caché quelque part et que personne n’a vu, la presse le met sur la place publique », a-t-il martelé avec passion.
Yombouno souligne l’importance vitale de la presse dans une société démocratique, où elle doit pouvoir rapporter les difficultés et les préoccupations du peuple sans entrave. « Les journalistes sont des Guinéens. Ce qu’ils disent n’est pas inventé, c’est la réalité », a-t-il ajouté, dénonçant les attaques contre la presse comme une attaque contre la vérité elle-même.
L’ex-ministre a également pointé du doigt la réaction de certains médias lors du coup d’État, accusant certains d’entre eux de s’être réjouis de la situation. « Nous compatissons aux préoccupations de la presse. Le RPG n’est pas content. Parce que c’est un des acquis protégés par le Professeur Alpha Condé qui est en train d’être piétiné », a-t-il déploré, affirmant que ces mesures répressives trahissent l’héritage de liberté laissé par Alpha Condé et le général Lansana Conté.
Yombouno a rappelé les contributions de Conté et Condé à la libéralisation des médias, en évoquant la dépénalisation des délits de presse et les subventions accordées aux médias. « Ils (les dirigeants actuels) viennent dire qu’ils sont là pour corriger le passé, mais nous remettent dans les misères de l’antiquité. Le RPG est très surpris. C’est pourquoi nous nous solidarisons avec la presse et demandons humblement aux nouvelles autorités de revenir sur leurs décisions », a-t-il insisté.
L’appel à l’unité de Marc Yombouno résonne comme un cri du cœur : « Il faut que la presse, dans l’ensemble des acteurs, soit unie. Nous devons travailler ensemble pour défendre la liberté d’expression et les acquis démocratiques de notre nation ». Il a également dénoncé ceux qui se réjouissent de la fermeture de ces médias, qualifiant cette attitude de pure haine.
Aujourd’hui, plus que jamais, il est crucial que la presse et tous les défenseurs de la liberté d’expression se mobilisent pour préserver ce pilier fondamental de la démocratie. La Guinée ne peut se permettre de régresser sur ce front sans risquer de perdre les acquis durement obtenus au fil des années.
Alpha Amadou Diallo