La scène politique guinéenne est une fois de plus mise à l’épreuve, alors que les discussions s’intensifient autour d’une possible candidature de Mamadi Doumbouya, président de la transition, à l’élection présidentielle de 2025. Cette question brûlante, portée aux lèvres des journalistes internationaux, révèle les tensions entre engagements de la transition et ambitions personnelles. Amadou Oury Bah, le Premier ministre guinéen, s’est retrouvé au cœur de ce débat lors de son récent passage sur RFI.
Le Premier ministre a été confronté à une interrogation centrale : comment expliquer aux électeurs qu’un homme qui a signé une charte l’empêchant de briguer la présidence pourrait désormais se présenter ? Bah, d’un ton solennel, s’est appuyé sur un argument institutionnel. Pour lui, « la Constitution prime sur toute autre considération ». Une fois adoptée, elle supplantera la charte de transition, rendant ainsi tout citoyen, Doumbouya inclus, libre de se présenter, pour peu qu’il remplisse les conditions légales.
Mais l’interview ne s’est pas arrêtée là. Le journaliste de RFI a introduit une nuance qui résonne avec le dilemme moral de nombreux Guinéens : « La loi, certes, mais la morale ? » En citant l’exemple de l’ex-président malien Amadou Toumani Touré, qui avait quitté le pouvoir avant de revenir en tant que candidat, le journaliste a mis en lumière l’écart entre légalité et éthique. Amadou Oury Bah, imperturbable, a balayé cette question en rappelant que la Guinée devait sortir de la personnalisation du pouvoir pour se concentrer sur le renforcement de ses institutions et de la culture démocratique.
Enfin, le Premier ministre n’a pas esquivé la question directe sur le soutien implicite qu’il accorderait, ainsi que d’autres membres du gouvernement, à une éventuelle candidature de Doumbouya. Sa réponse, tout en finesse, en dit long sur l’état d’esprit qui prévaut au sommet de l’État : « Pourquoi pas ? » a-t-il lâché, affirmant que tout citoyen ayant une vision pour la Guinée devait pouvoir la porter devant le peuple.
Cette sortie médiatique de Bah révèle l’équilibre précaire que tente de maintenir la junte : respecter les engagements de la transition tout en laissant la porte ouverte aux aspirations politiques de Doumbouya et de son entourage. Mais au-delà des lois et des chartes, la question morale semble persister dans les esprits. Entre le texte et l’éthique, quelle voie la Guinée choisira-t-elle pour 2025 ?
Alpha Amadou Diallo