La route nationale reliant Labé à Mamou, cette artère vitale qui structure le transport dans une grande partie du pays, est en train de sombrer dans l’oubli et le délabrement. À chaque saison des pluies, elle se détériore un peu plus, jusqu’à devenir impraticable à certains endroits. Ce qui était autrefois une voie stratégique se transforme désormais en un véritable chemin de croix pour les usagers.
Les chauffeurs, quotidiennement confrontés à l’état désastreux de cette route, sont à bout. Leurs véhicules souffrent, leurs nerfs aussi. Chaque nid-de-poule béant, rempli d’eau, est une menace permanente, non seulement pour la sécurité des passagers mais aussi pour leur propre vie. « C’est devenu un calvaire de rouler ici », lâche avec frustration Maître Mamadou Saliou Keita, un chauffeur de Mamou. Il se souvient avec amertume d’un trajet récent : « Vendredi, je transportais un malade vers Pita. Il nous a fallu 1h30 pour un trajet qui ne devrait pas prendre autant de temps, à cause des trous. Si le patient avait été plus gravement atteint, il n’aurait probablement pas survécu. »
Le récit de ce chauffeur n’est pas un cas isolé. Des dizaines d’histoires similaires émanent chaque jour de cet axe routier, un axe pourtant crucial pour le transport de marchandises et de passagers à travers la région. Et que dire du silence des autorités face à ce désastre ? Alors que les chauffeurs lancent un appel désespéré à l’aide, l’État semble s’enfermer dans une inertie inquiétante. Cette route, laissée à l’abandon, devient un terrain propice à l’insécurité et au banditisme, augmentant ainsi les risques pour les usagers.
En attendant une hypothétique réhabilitation, les conducteurs continuent de faire face, chaque jour, à une épreuve qui ne fait que s’aggraver. Combien de temps encore faudra-t-il attendre avant que les autorités prennent enfin conscience de la gravité de la situation ? Le sort de la route Labé-Mamou reste, hélas, en suspens, dans une indifférence coupable.
Algassimou L Diallo