Dans les entrailles de la nation guinéenne, un ennemi sournois fait des ravages : les routes. Dans un pays où le nombre de décès dus aux accidents de la route surpasse la somme des mortalités liées au Sida, au diabète et à l’hypertension, chaque semaine apporte son lot de drames. Des scènes de carnage se déroulent sans relâche sur les artères principales, depuis la vitalité de l’axe Conakry-Kindia-Mamou jusqu’aux routes déchirées de Mamou-Guéckédou-Nzérékoré et Mamou-Dabola-Kankan-Siguiri. Même au cœur des centres urbains animés, le chaos routier est monnaie courante.
Les accidents se succèdent : un minibus renversé, une collision entre deux véhicules, ou encore un piéton fauché par une voiture ou un camion. Les pertes sont immenses, mais personne ne semble vouloir prendre ses responsabilités, que ce soient les citoyens, les conducteurs, ou même l’État.
Les chauffeurs foncent à toute allure, bravant ouvertement les limites de vitesse, sous le regard impassible des autorités censées réguler la circulation. La police routière, pourtant présente, reste étrangement muette, se bornant à blâmer les conducteurs sans jamais intervenir de manière significative.
Pourtant, l’État aurait dû agir bien plus tôt en installant des panneaux signalant les vitesses autorisées sur les routes, pourtant nombreuses mais négligées. Malheureusement, les citoyens et les passagers, par crainte de représailles, n’osent pas intervenir pour conseiller les conducteurs imprudents.
Balla Moussa Konaté, spécialiste en sécurité routière, déplore le constat amer de cette situation. En remontant dans l’historique de l’insécurité routière dans le pays, il regrette l’absence de mesures efficaces. Les récents accidents survenus en avril 2024 ne font que renforcer cette triste réalité. À titre d’exemple, sur la RN1 Coyah-Mamou, quinze personnes ont perdu la vie et une dizaine ont été blessées dans quatre accidents distincts. À Conakry, rien que le 12 avril 2024, deux accidents ont endeuillé la ville, dont l’un a impliqué un camion remorque percutant violemment le mur d’une mosquée après une course effrénée.
À chaque nouvelle vague d’accidents, la réaction générale reste plus proche d’une indignation que d’une action efficace contre ce fléau insatiable.
Face à cette crise persistante, quelle solution reste-t-il ? Les Guinéens doivent impérativement se mobiliser pour mettre fin à ce fléau, avant que chaque trajet ne devienne un jeu de roulette mortelle.
Alpha Amadou Diallo