En ce début d’année 2024, Aboubacar Sylla, président de l’Union des Forces du Changement (UFC), n’a pas seulement adressé des vœux de prospérité aux Guinéens, mais a aussi profité de cette occasion pour dresser un constat amer de la situation actuelle du pays. À travers son message, il a mis en lumière les défis politiques, sociaux et économiques qui pèsent sur la Guinée, tout en lançant un appel ferme pour un changement radical.
Dès les premières lignes de son discours, Sylla n’a pas manqué de rappeler la tragédie du 1er décembre 2023, lorsque plusieurs vies ont été tragiquement fauchées au stade de N’zérékoré. Il a exprimé une émotion palpable et a dénoncé une fois de plus l’incurie gouvernementale qui, selon lui, continue de sacrifier des vies humaines à cause de la maladresse dans la gestion des affaires publiques. Loin d’être une simple condamnation, ses mots résonnent comme un cri de désespoir, un avertissement sur l’impasse dans laquelle le pays semble se retrouver. L’espoir d’une enquête rapide et transparente pour élucider les circonstances de ce drame reste, en l’état, une utopie.
Aboubacar Sylla a ensuite abordé une question cruciale : la crise politique qui secoue le pays depuis le 5 septembre 2021. Pour lui, il ne fait aucun doute que la Guinée traverse une crise sans précédent, une crise qui perdure à cause de l’absence de tout cadre électoral clair et d’une gestion politique qui exclut une grande partie de la société guinéenne, notamment les opposants, les journalistes et les exilés. Il a souligné la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel, une priorité si l’on veut espérer une sortie de crise.
Le président de l’UFC a également adressé un message de solidarité aux victimes collatérales de la situation : les familles des journalistes et des travailleurs des médias fermés, victimes de la répression et de la censure qui ont pris une ampleur inquiétante dans le pays. Il a rappelé avec force que la démocratie et l’État de droit ne peuvent exister sans une presse libre et indépendante. La censure, selon lui, est une pratique obsolète qui doit céder la place à la liberté d’expression, un principe fondamental de toute démocratie digne de ce nom.
Mais ce n’est pas seulement la politique qui intéresse Aboubacar Sylla. Il a pris soin de rappeler la précarité sociale grandissante des Guinéens, dont le quotidien devient de plus en plus difficile, avec des familles peinant à accéder aux besoins les plus élémentaires. Il a déploré l’incapacité du gouvernement à inverser cette tendance et a appelé à une action concrète pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, avec des solutions pratiques et adaptées à la réalité du pays. Pour lui, l’approche actuelle fondée sur la division et l’exclusion ne peut qu’aboutir à l’échec.
Dans ce contexte difficile, le leader politique a réaffirmé que seule la démocratie, l’État de droit et la protection des libertés fondamentales pourront sortir le pays de cette impasse. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue national, inclusif et sincère, pour définir un chronogramme réaliste et viable permettant un retour à l’ordre constitutionnel. Pour Aboubacar Sylla, ce dialogue n’est pas une option, mais une obligation si l’on veut éviter que la Guinée ne s’enfonce davantage dans le chaos.
Il a également lancé un appel clair à l’attention des autorités actuelles : il est impératif qu’elles respectent leurs engagements, notamment l’interdiction de se présenter aux élections à venir. Les Guinéens, a-t-il souligné, ne peuvent plus se permettre de perdre du temps avec des promesses non tenues. Il est temps que les dirigeants du pays choisissent définitivement de « se mettre du bon côté de l’histoire ».
En conclusion, Aboubacar Sylla a souhaité une année 2024 porteuse d’espoir et de changement pour la Guinée, invitant ses concitoyens à se mobiliser pour l’avenir du pays. « Pensons tous à la Guinée », a-t-il exhorté, en soulignant que le pays mérite mieux que son paradoxe de « terre riche aux habitants pauvres ».
Ses vœux se sont achevés sur une citation de Montaigne : « La force et la violence peuvent quelque chose, mais pas toujours tout ». Un message fort pour un pays en quête de justice, de paix et de prospérité.
Alpha Amadou Diallo