Kankan, Guinée – Dans les rues animées de Kankan, la tension monte alors que la ville est secouée par une série de braquages à main armée. Cette deuxième ville de Guinée, fière d’être le berceau du président de la transition Mamadi Doumbouya, se retrouve désormais aux prises avec une insécurité croissante, semant la peur parmi ses habitants.
Le dernier acte de violence a eu lieu il y a deux jours seulement, quand une agence partenaire d’Orange, située en plein centre-ville, est devenue le théâtre d’un braquage sanglant. Trois individus armés d’un fusil PMAK ont fait irruption en milieu d’après-midi, plongeant le quartier dans le chaos. Pendant une demi-heure terrifiante, ils ont tenu en otage le personnel de l’agence, dépouillant les caisses et les employés de leurs biens, jusqu’à leurs téléphones. Ils ont même exigé le transfert de fonds depuis les comptes Orange Money personnels des victimes. Dans leur fuite précipitée, ils ont ouvert le feu sur un jeune moto-taxi, dont les blessures mortelles ont finalement scellé son destin.
La riposte ne s’est pas fait attendre. Les forces de l’ordre, assistées de chasseurs dozos et de courageux citoyens, ont rapidement neutralisé deux des braqueurs lors d’une confrontation violente. Les corps des malfaiteurs …. désormais le sol, témoins muets de l’effort conjoint pour restaurer la sécurité dans les rues de Kankan.
Ce récit tragique n’est que le dernier épisode d’une saga qui ensanglante la ville depuis près de deux ans. Abou 2 Kourouma, directeur commercial de l’agence cambriolée, exprime son désarroi face à la situation: « Chaque semaine, c’est la même histoire à Kankan. Chaque semaine! Pourquoi cela se produit-il? Et surtout, comment ces criminels parviennent-ils à se procurer des armes militaires? Ce n’est pas comme si elles étaient en vente libre sur le marché! Tant que nous n’aurons pas identifié la source de leur approvisionnement, le problème persistera. »
Face à cette escalade de la violence, le gouverneur de la région de Kankan a décidé d’agir. Plusieurs bars à chicha et motels ont été fermés, considérés comme des lieux non réglementaires et soupçonnés d’abriter des criminels. Cette mesure draconienne vise à étouffer la criminalité en coupant ses soutiens potentiels dans la ville.
Alors que les autorités locales tentent désespérément de rétablir l’ordre et la sécurité à Kankan, la population reste en alerte, craignant le prochain coup de violence qui pourrait frapper leur quartier, leur famille ou eux-mêmes.
Charles Emmanuel Tolno