L’obtention d’un visa est devenue une épreuve insupportable pour de nombreux Guinéens. Derrière cet enchevêtrement bureaucratique se cache une réalité bien plus sombre : celle d’un système qui semble indifférent aux souffrances des citoyens qu’il malmène. Si les autorités diplomatiques guinéennes ferment les yeux, celles des pays concernés, notamment l’Allemagne, la France, l’Espagne et le Maroc, s’enrichissent d’une négligence inacceptable à l’égard des usagers.
Les récits des Guinéens pris dans cette spirale administrative sont devenus monnaie courante. Que ce soit pour des soins médicaux urgents ou pour des raisons professionnelles, commerciales ou familiales, il faut attendre parfois six mois, voire davantage, pour décrocher un rendez-vous. Un délai qui frôle l’absurde, voire le criminel, quand la vie d’un individu est en jeu. Que dire d’un Guinéen, confronté à une urgence sanitaire, obligé de patienter dans l’espoir d’obtenir une autorisation de voyage à la vitesse d’un escargot bureaucratique ? Ce déni de service n’épargne aucune catégorie de citoyens. La lenteur des démarches pénalise non seulement l’individu, mais aussi l’économie nationale et les liens diplomatiques avec des partenaires pourtant censés être des alliés.
Le cas de la France est particulièrement significatif. Même lorsque toutes les conditions sont réunies, que tous les documents sont en règle, certains dossiers sont systématiquement rejetés. Le prétexte ? L’affirmation que le demandeur n’aurait pas l’intention de revenir en Guinée après son séjour. Quelle ironie, quelle désolation ! Un tel mépris vis-à-vis des citoyens d’un pays qui cherche pourtant à entretenir des relations constructives avec ses partenaires ne peut être toléré plus longtemps.
L’absurdité ne s’arrête pas là. Même certains pays africains, jadis perçus comme des alternatives accessibles, comme le Maroc, se laissent tenter par des pratiques restrictives en matière de visas. Ce pays, qui fut une bouée de sauvetage pour de nombreux Guinéens en quête de soins médicaux, devient lui aussi un obstacle. Cette évolution déplorable souligne la nécessité d’une remise en question de la politique de visa dans un monde qui se veut de plus en plus interconnecté.
Les autorités guinéennes, en particulier le ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, se doivent de réagir. Il est grand temps de remettre de l’ordre dans cette jungle administrative et de faire entendre la voix des Guinéens. Les citoyens du pays méritent de pouvoir voyager sans entraves, dans des délais raisonnables, pour des raisons légitimes. Si la Guinée souhaite entretenir des relations d’égal à égal avec ces pays partenaires historiques, elle doit exiger de leurs ambassades une considération humaine et une réactivité à la hauteur des enjeux.
Les Guinéens ne demandent qu’une chose : que leurs demandes de visa soient traitées dans des conditions respectueuses et dans un délai qui permette de répondre aux besoins pressants de chacun. Le temps est venu pour ces ambassades de prendre leurs responsabilités et de respecter la dignité des citoyens guinéens. Les Guinéens aspirent à un monde où les frontières administratives ne seraient pas un obstacle insurmontable à leurs rêves et à leurs ambitions.
Amadou Diallo avec le déonicateur224.com