Le 5 septembre 2024 marque le troisième anniversaire du coup d’État militaire orchestré par le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) sous la direction du Général Mamadi Doumbouya. Trois ans après la destitution de l’ex-président Alpha Condé, l’heure est au bilan, et les critiques se multiplient.
L’Honorable Mohamed Lamine Kamissoko, figure éminente du RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir, n’a pas mâché ses mots à l’occasion de cet anniversaire. Il dénonce la dégradation de la situation politique et médiatique en Guinée. « Le coup d’État était censé restaurer la démocratie, mais qu’en est-il aujourd’hui ? », s’interroge-t-il. Selon lui, les promesses de rétablissement de la liberté de la presse et de la communication restent lettre morte. « À l’époque, on accusait Alpha Condé de museler la presse. Aujourd’hui, la plupart des médias luttent pour leur survie », a-t-il ajouté.
Kamissoko met également en lumière de graves violations des droits humains sous le régime de transition. Il parle de « kidnappings par des hommes cagoulés » et d’une atmosphère de terreur entretenue pour assurer le maintien du pouvoir. « Ces pratiques répressives ne sont qu’une tentative de contrôle de la population », accuse-t-il, en pointant du doigt une gestion qu’il qualifie de corrompue et de prédatrice des ressources publiques.
La question d’une candidature du Général Doumbouya aux prochaines élections suscite également l’inquiétude de l’opposant. Kamissoko rappelle que la charte de la transition interdit toute candidature des membres du CNRD ou du gouvernement actuel. Pourtant, selon lui, des rumeurs persistantes sur une éventuelle participation du chef de la junte aux élections futures menacent la stabilité du pays. « Cela va à l’encontre de tout ce qui a été promis. C’est une dérive dangereuse », alerte-t-il.
À trois ans du coup d’État, la transition guinéenne est de plus en plus contestée, et les appels à un retour rapide à la démocratie se font de plus en plus pressants.
Algassimou L Diallo