Dans une récente entrevue accordée à RFI, le Premier Ministre Bah Oury a souligné que la priorité absolue des autorités de la transition demeure l’organisation du référendum constitutionnel avant la fin de l’année 2024. Cependant, il estime qu’avant d’atteindre cet objectif, il est impératif de mener à bien le Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil (RAVEC), à partir duquel le fichier électoral sera élaboré.
« Le retour à l’ordre constitutionnel dépend principalement de l’établissement d’un fichier électoral fiable », affirme Bah Oury. « Par le passé, la Guinée a été secouée par de nombreuses turbulences en raison de l’instabilité du fichier électoral. Il est donc crucial de prendre en compte ce passé et de faire les choses correctement en établissant un fichier électoral incontestable », poursuit-il.
Bah Oury insiste sur le fait que « c’est pourquoi nous avons choisi de baser l’établissement du fichier électoral sur les données du fichier d’état civil. C’est là le plus gros défi. Nous avons déjà mis en place une dynamique pour respecter l’engagement présidentiel d’organiser le référendum à la fin de l’année ».
Certains se demandent si le RAVEC n’est pas un prétexte utilisé par le gouvernement pour repousser les élections indéfiniment. À cette interrogation, le Premier Ministre répond fermement : « Si nous nous précipitons et faisons les choses de façon négligente, cela impactera inévitablement la qualité de la transition politique. Ceux qui appellent à une simple mise à jour du fichier électoral actuel oublient que ce fichier de 2020 a été contesté et reste contestable. À ce stade, nous ne pouvons pas nous permettre de reprendre un recensement qui n’a pas été fiable ».
Sur la durée nécessaire pour établir le fichier d’état civil, Bah Oury explique : « C’est un processus long, mais nous ne pouvons pas attendre que le fichier d’état civil soit complet pour commencer à travailler sur le fichier électoral. Puisque le Président a indiqué que le référendum doit avoir lieu d’ici la fin de l’année, nous aurons alors une base représentative suffisante pour établir le fichier électoral ».
Quant à la perspective d’un référendum en 2024 suivi d’élections générales, Bah Oury précise : « Une fois que le référendum constitutionnel sera réalisé, tout dépendra des réglementations et des dispositions budgétaires pour organiser les élections locales, législatives et présidentielle. Notre objectif est de revenir à un ordre constitutionnel avec des fichiers électoraux solides et impartiaux ».
Interrogé sur le moment précis du retour à l’ordre constitutionnel, Bah Oury se montre prudent : « Je ne peux pas donner de date précise, mais une fois le référendum réalisé, nous pourrons planifier les élections en concertation, en examinant le code électoral et la constitution ».
Sur la question de savoir si le retour à l’ordre constitutionnel est prévu pour 2025 ou 2026, le Premier Ministre déclare : « Une fois le référendum réalisé, tout le reste suivra. Ce n’est pas une question de doute, mais plutôt de priorité ».
Interrogé à nouveau sur la certitude de la tenue du référendum avant la fin de 2024, Bah Oury relativise : « C’est un objectif fixé par le Président, et en tant que Premier Ministre, je m’engage à faire en sorte que cet objectif soit atteint, même s’il faut travailler sans relâche pour le respecter ».
Algassimou L Diallo