Le vendredi 31 mai 2024, Dr. Édouard Zoutomou, président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), a pris la parole pour commenter le déroulement du procès des massacres de septembre 2009, près de deux ans après son ouverture. Ses propos viennent jeter une lumière crue sur une procédure judiciaire qui divise l’opinion publique guinéenne.
Pour certains, ce procès est une avancée historique vers la justice et la réconciliation nationale. Mais Dr. Zoutomou, lui, exprime une opinion nettement plus sceptique. Selon lui, loin d’être le symbole d’une justice enfin rendue, ce procès serait surtout un instrument de propagande pour les autorités de la transition.
« On parle aujourd’hui du procès du 28 septembre. Peut-être que, de votre point de vue, c’est une réussite, mais pour moi, c’est surtout une opération de propagande, » a-t-il déclaré sur les ondes de Nostalgie, dans l’émission Africa2015. « Nous avions affirmé dès le départ que les conditions nécessaires n’étaient pas réunies en Guinée pour mener à bien ce procès. Regardez ce qui se passe actuellement, attendez de voir. Nous ne nous exprimons pas davantage car, en tant qu’hommes politiques, si nous parlons avant la fin du jugement, on nous accusera d’influencer le procès. C’est pourquoi nous restons silencieux sur son déroulement. En réalité, la transition ne renvoie pas une image positive. »
Ces mots révèlent une profonde méfiance envers les motivations réelles derrière ce procès. Pour Dr. Zoutomou, il ne s’agit pas simplement de juger les responsables des massacres, mais de comprendre l’utilisation politique qui en est faite. Il remet en question la sincérité des autorités de la transition, soulignant que les conditions pour un procès véritablement équitable et impartial n’étaient pas réunies dès le début.
En creux, se dessine la critique d’une transition qui, au lieu de renforcer l’État de droit, semble aux yeux de certains n’être qu’un écran de fumée. Dr. Zoutomou, par sa position, pousse à la réflexion sur le rôle de la justice dans une société en transition et sur les risques de sa récupération politique.
Ainsi, au-delà des salles d’audience et des dépositions, le procès des massacres de septembre 2009 devient le terrain d’une bataille d’interprétations et d’enjeux politiques, où la quête de justice doit lutter contre les suspicions de manipulation. Dr. Zoutomou, en levant cette voix critique, invite les citoyens à un examen plus lucide et vigilant des dynamiques en cours.
Aziz Camara