Lundi, lors du procès du massacre du 28 septembre 2009, Maître Amadou Kamano, avocat de la partie civile, a dévoilé l’existence d’un présumé accord entre l’adjudant Cécé Raphaël Haba et le commandant Toumba Diakité, ancien aide de camp du capitaine Moussa Dadis Camara. Selon lui, ces deux hommes auraient uni leurs forces contre Camara.
« Je me demande s’il s’agit d’un hasard qu’il soit assis entre le capitaine Dadis et le commandant Toumba, ou si c’est le fruit du destin. Même votre position suggère quelque chose », a-t-il lancé en guise d’introduction.
L’avocat a rappelé que le capitaine Dadis avait désigné Cécé Raphaël pour surveiller Toumba et lui rendre compte de ses actions. « Celui qui est envoyé pour contrôler et celui qui envoie quelqu’un pour vous contrôler, qui est le chef ? Est-ce que c’était vous qu’on contrôlait ? », a-t-il interrogé, jetant ainsi un doute sur la véritable relation hiérarchique entre les deux hommes.
Maître Kamano a ensuite affirmé que, d’après leurs propres déclarations, Haba et Toumba étaient inséparables. « Un pas de Toumba, c’était un pas de Raphaël. Vous-même, [Toumba], avez déclaré que Raphaël détenait vos clés. Vous avez transformé la confiance en une amitié personnelle, au détriment de celui qui vous avait mandaté. »
Il a aussi souligné que, contrairement à Toumba, Cécé Raphaël avait renié ses déclarations faites lors de son procès-verbal, précisant que cela avait changé après avoir revu Toumba. « Avant votre arrestation au Sénégal, Cécé Raphaël était déjà en détention. Il pensait que vous n’alliez pas revenir, que vous étiez même décédé. Il a donc tout dit devant le juge d’instruction. Mais lorsqu’il vous a vu, il a tout renié. On ne peut pas mentir au juge d’instruction sans contrainte. »
Bien que le tribunal ne traite pas directement de la tentative d’assassinat du capitaine Moussa Dadis Camara, Maître Kamano a rappelé que Toumba et Haba étaient ensemble lors de la violente visite au Haut commandement de la gendarmerie nationale, ainsi qu’au PM3 pour libérer les bérets rouges arrêtés lors de l’enquête. Il a ajouté que c’était Cécé Raphaël qui détenait l’arme ayant tiré sur le capitaine Dadis. « Les deux sont tellement liés qu’ils ont scellé un pacte contre celui qui l’avait nommé auprès de Toumba. »
En conclusion, Maître Kamano a affirmé que Cécé Raphaël avait profité de son anonymat relatif, tout en étant l’homme de main de Toumba. « L’entente entre le commandant Toumba et l’adjudant Cécé Raphaël pour se soutenir est évidente. Et nous avons tous constaté cela dans ce procès. »
Saliou Keita