La question de la sécurité alimentaire en Afrique a rassemblé, du 5 au 7 novembre 2024, dirigeants et experts internationaux à Addis-Abeba, sous l’égide du gouvernement éthiopien et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Un énième sommet, diront certains ? Pas tout à fait. Cette fois-ci, les appels à l’action se sont faits plus pressants. Parmi eux, celui du Premier ministre guinéen Bah Oury s’est distingué par sa franchise et son caractère urgent.
Pour le chef du gouvernement guinéen, le continent africain ne peut plus se contenter de discours sans lendemain face aux crises alimentaires récurrentes qui minent la stabilité de ses nations. « La faim est une calamité que nous devons combattre sans relâche. Si nous échouons, c’est l’existence même de l’humanité qui est menacée », a-t-il lancé d’un ton grave, conscient des enjeux humains, économiques et sociaux qui sous-tendent ce combat. Derrière cette déclaration se cache une vérité brute : la sécurité alimentaire conditionne la paix et l’avenir des populations africaines.
Bah Oury, lucide, a insisté sur la modernisation des méthodes agricoles en Afrique. « Une population qui souffre de la faim ne peut aspirer à la paix », a-t-il affirmé, rappelant que le développement agricole n’est pas une option mais une obligation pour bâtir un futur de stabilité et d’opportunités pour la jeunesse africaine. La voie qu’il propose : miser sur les technologies et les innovations agricoles. Mais pour que cela ne reste pas un vœu pieux, il appelle à la mobilisation collective et à une planification stratégique.
Une autre partie de son intervention, tout aussi percutante, a porté sur l’exploitation des ressources minières du continent. Il en appelle à une utilisation plus intelligente et inclusive des richesses naturelles africaines, de manière à diversifier les économies et à soutenir l’agriculture et l’agro-industrie. « Une économie de rente n’apporte pas de richesses durables », a-t-il martelé, réclamant une rupture franche avec des systèmes économiques fragiles qui perpétuent la dépendance.
L’exemple éthiopien, que Bah Oury a eu l’occasion de découvrir de près lors de visites de sites agricoles novateurs, illustre une vision possible pour l’Afrique : celle d’une agriculture durable et résiliente, intégrant les jeunes et préservant les ressources naturelles. Inspiré, il promet d’importer ces leçons en Guinée, convaincu que le continent regorge de potentialités qu’il est temps de libérer.
Face aux crises alimentaires, les mots doivent désormais céder la place aux actions concrètes. En lançant cet appel à Addis-Abeba, Bah Oury pose une question essentielle : qui répondra à l’urgence ?
Alpha Amadou Diallo