Tension à son comble à Conakry alors que le régime de Mamadi Doumbouya se retrouve sur le fil du rasoir, face à l’imminence d’une grève générale et illimitée à partir de ce lundi. Malgré une réunion de dernière chance prévue ce dimanche, à moins de 24 heures du déclenchement de la grève, les syndicats, instigateurs du mouvement, ont brillé par leur absence, délaissant l’appel des autorités, notamment du Conseil national de dialogue social (CNDS).
Les raisons de ce boycott sont claires pour les syndicalistes : le gouvernement aurait refusé de libérer Sekou Jamal Pendessa, syndicaliste et journaliste, dont la libération était une condition préalable à leur participation. Pendant ce temps, Pendessa a été jugé et condamné à une peine de prison, laissant les syndicats dans une position de fermeté.
Sur le terrain, notre reporter dépêché au siège du CNDS a constaté le vide laissé par les syndicats, tandis que les hauts responsables du ministère du travail étaient présents, y compris le président du Conseil national du dialogue social et le secrétaire général du ministère. Cependant, l’absence des acteurs clés de la contestation a pesé sur les discussions de la journée.
Dans un autre développement, le patronat guinéen a émis une déclaration appelant au dialogue entre le gouvernement et les syndicats pour résoudre la crise. Parallèlement, plusieurs grands groupes de presse, dont Hadafo et Djoma, prévoient une action de solidarité avec le mouvement syndical, exigeant notamment la libération des ondes des médias brouillées et le retour de ces groupes de presse sur le bouquet Canal+.
Le Forum des vives a également exprimé son mécontentement face à la gestion de la crise par les autorités, ajoutant à la pression ambiante. Les syndicats sectoriels, en particulier ceux des télécommunications et des banques, ont appelé les travailleurs à respecter le mot d’ordre de grève en restant chez eux.
Dans les coulisses, les rumeurs vont bon train, évoquant d’énormes pressions exercées sur les leaders syndicaux pour qu’ils cèdent. Pourtant, beaucoup espèrent les voir résister et aller jusqu’au bout, dans un climat où chaque décision peut basculer l’équilibre fragile de la situation.
Amadou Diallo