La Fédération guinéenne des tradipraticiens et des herboristes de Guinée (FGTHG) monte au créneau contre le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Lundi, lors d’une conférence à Conakry, la fédération a exprimé son mécontentement, accusant le ministère de détournement de fonds destinés à financer leurs projets.
Selon les responsables de la FGTHG, le ministère ne respecte pas un protocole d’accord signé en 2011 qui devait encadrer le financement de leurs activités. « Il y a eu un protocole d’accord entre le ministère de la Santé et la fédération pour soutenir nos projets, mais depuis lors, rien n’a été fait selon cet accord », déclare le porte-parole, Mamadou Kouta Camara. Il poursuit : « Si nous présentons des projets, certains cadres corrompus du ministère les bloquent et nous privent de financements. Même lorsque des fonds proviennent du gouvernement ou de partenaires, le ministère nous refuse notre part. C’est notre cri du cœur. »
La fédération accuse également le ministère de favoriser d’autres groupes au détriment des tradipraticiens légitimes. « Le ministère va voir les partenaires pour obtenir des fonds au nom d’une autre fédération, et organise des ateliers sans nous prévenir, avec des tradipraticiens qui ne sont même pas agréés », explique Mamadou Kouta Camara.
La FGTHG dénonce le fait que trois grands projets soumis au ministère de la Santé restent bloqués dans les tiroirs du département. Les tentatives de rencontrer les ministres successifs pour discuter de l’importance de ces projets sont restées sans réponse. Même l’actuel ministre, Oumar Diouhé Bah, ne semble pas disposé à s’engager. Lors d’une rencontre avec la fédération, il a indiqué que ce n’était pas à la médecine traditionnelle de s’occuper de formation ou de contrôle, mais à la médecine moderne.
Pourtant, la FGTHG insiste sur le fait que la médecine traditionnelle joue un rôle crucial dans la santé des Guinéens. « Notre objectif est de soigner les populations guinéennes. Nous pensons qu’il faut organiser la médecine traditionnelle de la même manière que la médecine moderne », explique le porte-parole.
Malgré ces obstacles, la fédération a reçu un certain soutien du Conseil National de la Transition (CNT). Le président du CNT, Dansa Kourouma, a promis que le financement de projets pour la médecine traditionnelle serait désormais inclus dans le budget annuel du ministère de la Santé. La FGTHG espère que cette promesse sera tenue, mais reste vigilante quant à l’évolution de la situation.
Fatimatou Diallo