Cent jours se sont écoulés depuis que la tragédie a frappé la Guinée, plongeant le pays dans l’horreur. L’explosion dévastatrice qui a secoué le dépôt d’hydrocarbures de Conakry a laissé dans son sillage vingt-cinq vies cruellement perdues et plus de 400 âmes blessées. Mais au-delà de cette dévastation initiale, ce sont les jours qui ont suivi qui ont révélé une autre forme de tragédie : celle de la négligence et de l’indifférence.
Alors que les cris de détresse des sinistrés résonnaient, ils ont été accueillis par un silence assourdissant des autorités guinéennes. Le 28 mars dernier, marquant ce sinistre anniversaire, les victimes ont bravé les rues pour exprimer leur indignation face à l’absence flagrante d’aide. Leur douleur était palpable, leur colère justifiée.
Mamoudou Cifo Kè Touré, porte-parole du collectif des sinistrés, a résumé avec éloquence le sentiment général lorsqu’il a souligné que les secours promis n’avaient jamais atteint ceux qui en avaient désespérément besoin. Dans un pays où la confiance envers les autorités est déjà fragile, cette négligence ne fait qu’approfondir le fossé entre le peuple et ceux qui sont censés le protéger.
Face à ces accusations, Lancei Touré, directeur de l’Agence nationale guinéenne de gestion des urgences et catastrophes humanitaires, a répondu en assurant que l’aide avait été distribuée conformément aux besoins. Cependant, ses déclarations n’ont guère convaincu ceux qui ont vu leurs souffrances ignorées pendant trop longtemps.
« Les sinistrés ont effectivement reçu les aides qui leur étaient destinées », a déclaré M. Touré. Il a fourni des détails précis sur les distributions, les donateurs impliqués et les bénéficiaires, mais ces chiffres ne suffisent pas à apaiser les inquiétudes et les frustrations de ceux qui se sentent abandonnés par leur gouvernement en ces temps de crise.
En ce qui concerne les quartiers les plus touchés, M. Touré a insisté sur le fait que les ménages non pris en charge étaient invités à se rendre aux bureaux de quartier pour s’inscrire. Cependant, cette réponse bureaucratisée ne répond pas aux besoins urgents de ceux qui ont perdu leurs foyers et leurs moyens de subsistance.
Alors que la Guinée continue de panser ses plaies, il est impératif que les autorités prennent des mesures concrètes pour répondre aux besoins des sinistrés et restaurer la confiance du peuple envers ses dirigeants. L’indifférence ne peut plus être tolérée, et la compassion et l’action doivent prévaloir si nous voulons reconstruire un avenir plus sûr et plus solidaire pour tous les Guinéens.
Alpha Amadou Diallo