La Guinée est en ébullition après la découverte d’un détournement présumé de 700 milliards de francs guinéens (environ 82 millions de dollars) à la Direction nationale des Douanes. Ce scandale, le plus important depuis l’arrivée du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir, met en cause des hauts responsables et révèle des failles structurelles dans la gestion des finances publiques.
Une intervention directe du chef de l’État
Le président Mamadi Doumbouya a personnellement pris les rênes pour mettre un terme à cette fraude massive. Le ministre du Budget, Facinet Sylla, a salué cette implication directe lors d’une intervention sur la Radiotélévision Guinéenne (RTG). « Le président Mamadi Doumbouya a géré cette situation de façon très rapprochée. Il s’est lui-même impliqué pour fermer les failles et ordonner l’arrestation des suspects », a-t-il affirmé.
Cette démarche a permis de détecter les irrégularités, de bloquer les circuits financiers frauduleux et de traduire en justice les présumés coupables. Une approche saluée comme un signal fort contre la corruption.
Le fonctionnement du réseau frauduleux
Au cœur de ce scandale, la plateforme GUICHEG (Guichet unique du commerce extérieur), censée numériser les opérations douanières. Lors de son déploiement progressif, des dérogations ont permis un traitement manuel temporaire, créant ainsi des brèches exploitées par des acteurs malveillants.
« Au lieu de refermer les fenêtres ouvertes provisoirement, certains individus ont continué à opérer manuellement, causant des pertes colossales », a expliqué Facinet Sylla. Cette période de transition, mal contrôlée, a facilité le développement d’un système frauduleux impliquant douaniers et transitaires.
Des poursuites judiciaires en cours
Dix hauts responsables des douanes, dont le Directeur Général, le Général Moussa Camara, sont accusés d’avoir orchestré cette fraude. Les charges incluent faux et usage de faux, corruption, détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et complicité. Malgré la gravité des accusations, Facinet Sylla a rappelé que la présomption d’innocence reste de mise.
« La justice suit son cours. Nous veillons à ce que de telles pratiques ne puissent plus se répéter », a-t-il assuré.
Un appel à une refonte du système
Ce scandale révèle des carences profondes dans les mécanismes de contrôle et de surveillance des institutions publiques. Pour éviter de nouvelles dérives, le gouvernement pourrait accélérer la transition vers une gestion entièrement numérique des opérations douanières.
La lutte contre la corruption, un des principaux engagements du CNRD, est aujourd’hui mise à l’épreuve. Les prochains mois seront décisifs pour restaurer la confiance des citoyens et réaffirmer la volonté politique de transparence et de reddition des comptes.
Alpha Amadou Diallo