Le Conseil National de la Transition (CNT) a officiellement lancé, le 6 novembre dernier, une campagne de vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. Mais derrière cette initiative se cache-t-il un véritable projet démocratique ou une stratégie politique en faveur du président de la junte, Mamadi Doumbouya ?
Sékou Koundouno, responsable des stratégies et de la planification au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), n’a pas tardé à dénoncer ce qu’il considère comme un manoeuvre visant à préparer le terrain pour la candidature de Doumbouya à la présidentielle. Selon lui, cette campagne ne serait rien de moins qu’un outil de consolidation du pouvoir des autorités actuelles de la transition. « Cette initiative n’est qu’un prétexte pour annoncer et renforcer la candidature de Mamadi Doumbouya aux prochaines élections. C’est un nouveau chapitre de l’agenda des putschistes », a-t-il affirmé.
L’activiste pointe aussi l’absentéisme de plusieurs articles cruciaux de la Charte de la transition, notamment les articles 46, 55 et 65, dans l’avant-projet de la nouvelle Constitution. L’omission de ces articles, soulignent certains observateurs, pourrait en effet ouvrir la voie à une possible candidature du général Doumbouya, ce qui serait incompatible avec les engagements pris par la junte en matière de durée de transition. En réponse, le président du CNT, Dansa Kourouma, a réaffirmé que ce choix reviendrait au peuple de Guinée, dans le cadre d’un processus démocratique.
Cette situation n’est pas sans rappeler le débat sur la révision constitutionnelle de 2020, où les partisans d’un troisième mandat pour Alpha Condé utilisaient des arguments similaires pour justifier un projet largement impopulaire. Koundouno y voit une continuité de la part de Dansa Kourouma, qu’il accuse d’agir pour ses propres intérêts, en se camouflant derrière l’argument de la volonté populaire.
Le FNDC ne s’arrête pas là : il s’oppose également à la présence dans l’avant-projet de lois d’amnistie en faveur des putschistes. Pour Koundouno, cette mesure traduit une volonté de la junte non seulement de maintenir son emprise sur le pouvoir, mais aussi de se protéger contre d’éventuelles poursuites judiciaires.
Dans cette optique, Koundouno appelle à la résistance, dénonçant ce qu’il qualifie de « trahison » orchestrée par le CNT. « Le peuple de Guinée ne se laissera pas faire. Mamadi Doumbouya devra faire face à une résistance massive, qu’il s’agisse de l’intérieur ou de la diaspora. Son projet échouera », promet-il, fermement.
S’il pense pouvoir imposer son projet par la peur ou par une propagande financée à coup de milliards, Doumbouya se trompe, assure Koundouno. Car, selon lui, des millions de Guinéens sont prêts à défendre l’avenir de leur pays.
Amadou Diallo