Dans un entretien accordé à la rédaction de lindependant.org, ce mardi 03 Février 2023, Mory Kaba, président du parti Avenir pour une Guinée Nouvelle (AGN) et président de la coalition alliance des partis pour la victoire (APAV) a abordé plusieurs questions d’actualité nationale, notamment le dialogue inter-guinéen, les positions de la CEDEAO par rapport à ce processus, etc.
Lindependant.org : Beaucoup estiment que votre parti et votre coalition sont en harmonie avec le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). En tant que président de ces structures, qu’est-ce que vous en pensez ?
Mory KABA : La raison pour laquelle je suis en harmonie avec le CNRD est d’abord le fait que c’est un pouvoir de transition. Je pense qu’il doit bénéficier du soutien de chacun et de tous si leur démarche est cohérente. A mon avis, la junte militaire est cohérente parce que non seulement, elle dit qu’aucun de ses membres ne va participer aux élections présidentielles, mais également les membres du gouvernement et ceux du Conseil national de transition (CNT). Cette précision est un ouf de soulagement pour nous acteurs politiques.
Deuxièmement, vous savez que notre pays a longtemps été malmené, en dépit de l’immensité de nos richesses. La Guinée exporte plus de 80 millions de tonnes de bauxites et nous avons d’autres opportunités dans ce pays. Malgré tout, nous avons un budget prévisionnel de 2.4 milliards de dollars USD. Nous avons 45% des enfants à l’âge d’aller à l’école qui ne vont pas. Le manque d’accès aux services sociaux de bases est flagrant : que ce soit en matière de santé, d’éducation et d’alphabétisation.
Lindependant.org : A l’issue du dialogue inter-guinéen dont les recommandations ont été remises aux autorités de la transition guinéenne les 21 décembre 2022. La CEDEAO exige l’inclusion des grandes coalitions comme l’ANAD le RPG et le FNDC politique. Quelle est votre lecture ?
Mory KABA. Moi, je trouve que c’est tout à fait normal que le dialogue soit inclusif, d’ailleurs c’est l’essence même de la vie. Qu’il ait un problème ou pas, qu’il ait transition où pas, le dialogue, dans un pays, doit être permanent. C’est autour de la table que nous pouvons échanger, c’est-à-dire faire quitter le débat dans les rues et le ramener dans les institutions. C’est également autour de la table que nous pouvons discuter et faire naître les grandes idées.
J’interpelle les acteurs politiques, en leur disant que mieux vaut tard que jamais. Que tous ceux qui ne sont pas aujourd’hui dans ce cadre de dialogue, qu’ils reviennent et qu’on discute. C’est seulement là-bas qu’ils pourront se faire entendre.
Lindependant.org : La CEDEAO a également proposé que le dialogue inclusif puisse se tenir à l’étranger en cas de nécessité, notamment pour que les leaders exilés puissent y participer. Qu’en pensez-vous ?
Mory KABA. Je ne trouve pas quelque chose de plus anormal que celle-là. Amener le dialogue ailleurs est plus qu’une insulte à l’égard des Guinéens et cela doit nous indigner tous. Parce que la Guinée était la locomotive de l’Afrique. C’est notre pays qui a donné l’espoir à tous les pays d’Afrique noire francophone. Aujourd’hui en Guinée on n’est pas en situation de guerre, nous ne sommes pas en situation de conflit et je ne vois pas la raison pour laquelle on doit amener ce dialogue hors de la Guinée, c’est plus qu’aberrant.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo