Lindépendant.org vous propose une transcription, à quelques nuances près, d’une partie de l’échange tendu entre Me Paul Yomba Kourouma, avocat du commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit « Toumba » et le capitaine Moussa Dadis Camara, lors de l’audition de ce dernier au tribunal criminel chargé de juger les crimes commis le 28 septembre 2009 au grand stade de Dixinn.
Me Paul Yomba Kourouma : Je voudrais préciser qu’il n’y a qu’un seul président dans cette salle. Monsieur Dadis Camara, je crois que vous avez déjà assumé des fonctions dans votre Dadis show. Quelle comparaison faites-vous avec ce tribunal dont les juges ont même de la peine remillé la tête ?
Moussa Dadis Camara : J’estime il y a un langage, lorsqu’il est respectueux, sa saveur nécessaire, mais lorsqu’on parle de l’ironie je ne suis pas une personne qu’on doit ironiser. Me Yomba n’a pas besoin de faire un rappel par rapport à mon statut. Je suis conscient et suis un officier d’État major. Ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici Me. Par rapport à stade je demande simplement avec respect du tribunal me yomba j’ai beaucoup de respect pour vous par rapport d’ailleurs à l’université jusqu’à présent et que si vous veniez de manière très respectueuses comme les autres l’ont fait, j’estime que cela pourra aider la cour d’avoir ce qu’il veut avoir de moi. Autrement ça va être difficile pour lui. Donc par conséquent, lorsque vous parlez de Dadis show, je me dis c’est de l’ironie, c’est une forme de frustration. Si parce que comme vous le dites, on s’est connu à l’université, si c’est par ce que je ne vous ai pas nommé ministre que vous êtes armé contre moi, j’attire l’attention de monsieur le président. Il (Me Paul Yomba) a passé tout le temps à me saboter à la radio sur le plan international. Alors ce qu’il a fait dans les radios, dans la presse je pense que cela ne va pas se répéter ici.
Me Paul Yomba Kourouma : Dites au peuple de Guinée et à ce tribunal où étiez-vous réellement le jour du 28 septembre ?
Moussa Dadis Camara : J’étais à Conakry sise à camp Alpha Yaya Diallo dans mon bureau
Me Paul Yomba Kourouma : Est-ce que vous n’étiez pas basé à Marocana à côté de la piscine (Ndlr : contigüe au stade du 28 septembre)?
Moussa Dadis Camara : Je dis que c’est un rêve. Monsieur Camara à l’époque des faits était au Camp Alpha Yaya
Me Paul Yomba Kourouma : Est-ce que vous n’avez pas aménagé là-bas dans votre bureau une issue de secours, d’abord une cour intérieure, c’est-à-dire que ce n’est pas le plan de construction et une sortie de l’autre côté ? est-ce que ce n’est pas cette sortie que vous avez exploitée pour être à Marocana ?
Moussa Dadis Camara : Je ne connais pas Marocana Maître. (…) L’aménagement d’un bâtiment n’a rien à voir avec les évènements du 28 septembre. Vous habitez dans un local, vous avec la latitude de modifier ce que vous pouvez faire, ça n’a rien à voir avec les évènements du 28 septembre, des faits réels.
Me Paul Yomba Kourouma : Quand Escobar (Ndlr : le commandant du salon à l’époque, Mohamed Condé) vous interdit de sortir sous l’autorisation de Toumba, en prenant la clé, vous êtes retourné à votre bureau et c’est de là que vous êtes sorti pour le stade du 28 septembre…
Moussa Dadis Camara : Je crois que vous êtes un pénaliste, mais il y a certains propos, lorsque vous les dites, devant un tribunal de ces genres, et tout le monde est en train de voir je pense qu’il faudrait quand même une logique. Vous ne pouvez pas imaginer, faire de l’utopie, pour dire des allégations devant le tribunal. Je suis désolé Maître
Me Paul Yomba : Est-ce que ça s’est passé ainsi ?
Moussa Dadis Camara : J’étais au camp Alpha Yaya. J’étais dans mon bureau le jour des évènements du 28 septembre. Je ne suis jamais sorti et d’ailleurs si je sortais je ne pouvais pas sortir sans cortège.
Me Paul Yomba Kourouma : Qui vous a conduit au stade du 28 septembre ?
Moussa Dadis Camara : Je n’ai jamais été au stade du 28 septembre.
Me Paul Yomba Kourouma : C’est colonel PIVI qui vous a conduit au stade ?
Moussa Dadis Camara : Non
Me Paul Yomba Kourouma : Mais comment vous vous y êtes retrouvé là ?
Moussa Dadis Camara : Ce que vous dites c’est grave maître. Si on n’était pas devant un tribunal, cela pouvait même susciter à une plainte. Parce que c’est une accusation très grave, aucune preuve tangible n’est avec vous en votre qualité de grand avocat, pénaliste. Si vous parlez comme ça devant une cour, moi je pense que c’est l’image de nos avocats qu’il faut voir
Me Paul Yomba Kourouma : Êtes-vous prêt à une confrontation ?
Moussa Dadis Camara : Quelle confrontation ? Ce sont des allégations. Parce que vous avez passé tout votre temps sans preuves. Vous voulez distraire les gens. Je ne suis pas prêt à une confrontation. Vous pouvez aller fabriquer des menteurs pour venir s’arrêter ici. Le président ne peut sortir aller au stade.
Me Paul Yomba Kourouma : C’est d’ailleurs au stade que le colonel Moussa Thiegoro Camara vous a dit que la situation est sérieuse »nous sommes débordés ». Vous avez dit qu’un renfort va arriver et c’est alors que Marcel est rentré dans le jeu. Oui ou non?
Moussa Dadis Camara : (…) Je ne réponds pas à cette question. Vous êtes venus perturber l’audience.
Décryptage de Amadou Tidiane Diallo