Le chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée a dissous le Bataillon de sécurité présidentielle (BSP) le jeudi 27 avril 2023, dans un décret lu à la télévision d’Etat, sans que les raisons de la décision ne soient détaillées.
« Le Bataillon de la sécurité présidentielle (BSP) est dissous (…) Le ministre de la défense nationale et le chef d’état major général des armées sont chargés, chacun en ce qui le concerne de la mise en œuvre correcte du présent décret », a déclaré le présenté de la télévision nationale.
Des rumeurs persistantes (mais non confirmées) faisaient état de divisions au sein de la hiérarchie militaire et le timing du décret à donné de l’eau au moulin des détracteurs de la junte militaire.
Toutefois, selon notre confrère de Médiaguinée, les raisons qui ont conduit à la dissolution du BSP sont autres que celles véhiculées par les rumeurs les plus folles.
« Les informations ne sont pas souvent bien rapportées en Guinée. Du n’importe quoi ce qui se raconte. Ce n’est pas le BASP [Bataillon autonome de la sécurité présidentielle]. Le BASP était sous Lansana Conté et a même été dissous par le capitaine Moussa Dadis Camara [ex-président du CNDD]. Le bataillon spécial des commandos en attente qui était à Kindia, à Samoreya, était créé depuis plus de 20 ans dans le cadre d’une armée de la Cedeao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest]. Parce que la Guinée avait promis de donner un bataillon. 20 ans après, la Cedeao n’a pas créé cette armée, les gens ont vieilli. Alpha Condé [ancien président guinéen renversé le 5 septembre 2021] même n’avait pas pris cela en compte. Cest de là-bas d’ailleurs qu’il a pris Abdoulaye Keïta « Commando Fakhè » [actuel inspecteur général des forces armées] pour le mettre à la tête du BATA [Bataillon autonome des troupes aéroportées]. Les éléments étaient là-bas comme ça, presque sans aucun repère. Puisqu’on va aux Nations Unies, on envoie nos soldats au Sahara [occidental], au Soudan, au Mali, etc., on a fait un centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix (COMP). On a ramené Samoreya-là pour les opérations de maintien de la paix, au même endroit. Au lieu que ça soit le bataillon en attente de la Cedeao, c’est maintenant le centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix. Parce que, que ça soit maintien de la paix de la Cedeao, de l’union africaine ou des Nations Unies, tout est maintien de la paix. Mais, on ne dédie plus un bataillon spécial juste pour le nourrir, donner l’argent du contribuable alors qu’ils [éléments] ne font rien, on dit ils sont en attente pendant 20 ans. Depuis sous Alpha Condé, ça a changé pour devenir centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix. Pour ne pas que l’unité reste comme ça dans nos structures, c’est pourquoi ça été fait comme ça [dissolution]. Donc, il n’y a plus d’élément. Ils sont devenus centre d’entraînement aux opérations de maintien de la paix. Mais de façon légale et structuelle. C’est pourquoi ça a été dissous. Ça n’a rien à voir avec un féticheur, Mamadi Doumbouya n’est pas traumatisé ou autre chose comme le chantent les détracteurs. On avance. C’est cela aussi la marche de la République », a déclaré une source hautement placée à notre confrère.
Dans un cas comme dans l’autre, la suite des événements vont permettre de nous situer par rapport aux motivations de ce décret qui fait couler tant d’encre et de salive…
Amadou Tidiane Diallo