La maison du célèbre artiste Sékou Bembeya Diabaté « Diamond Fingers » a été finalement rasée par des bulldozers ivres, La Paillote, « nid des bonnes musiques » qui rappelle les vieux bons temps en Guinée, sauvée in extremis grâce à l’intervention du ministre de la Culture Alpha Soumah « Bill de Sam ». Le très ancien monument culturel reste donc seul élevé au milieu des ruines au quartier Cameroun.
Quelques jours seulement après l’annonce de la saisie des logements de la Paillote, située à quelques mètres du pont du 8 Novembre, dans la commune de Dixinn, le projet du patrimoine bâti public est effectif dans cette zone à compter du 1er Janvier 2023.
À cette date, la zone qui abritait des anciennes gloires du monde culturel guinéen n’existe que de nom. Un fait qui laisse plus d’un dans une immense désolation.
« Il n’y a pas de mots pour estimer ce que je viens de voir. Parce que les gens qui vivent à la Paillote ici y ont fait plus de 50 ans. C’était presqu’une famille. La plupart de ces artistes là sont décédés et y ont laissé leurs veuves et enfants. Ils sont venus faire tomber leurs maisons, ils ne savent plus où aller. Et la plupart de ces artistes n’ont pas eu le temps de réaliser, parce que tout le monde sait au temps de Sekou et Lansana, ce sont des gens qui n’ont pas eu grand-chose », s’indigne Mory Moussa Doukouré.
Pour cet autre, cette cité des artistes est un patrimoine à sauvegarder pour la future génération, vu l’impact de la culture dans l’histoire guinéenne.
« Si ça ne tenait qu’à moi, on allait laisser la Paillote ici et la rénover. On doit la sauvegarder. Puisque la Paillote rappelle le temps de Sekou Touré, le temps de la Révolution », exhorte Kabinet Doumbouya, neveu de feu Papa Kouyaté .
Avec un préavis de 14 jours, sans issue, certains des déguerpis passent la nuit à la belle étoile dans une cour de proximité espérant une aide de l’Etat.
« Partout où tu vas, on te dit 1 an ou 2 ans d’avance pour la maison. On nous fait sortir comme ça. On perd ce que nos vieux ont cherché. Au moment qu’ils travaillaient pour ce pays là, il paraît que c’est grâce à cet argent qu’on payait les fonctionnaires. Ils ne sont certes pas parmi nous aujourd’hui, mais leurs familles sont là. Ça fait au moins trois jours qu’on a déguerpi, nos bagages sont là, les gens dorment dehors. Ils ont fait pour eux. Mais Dieu est Grand».
À noter que tous les bâtiments de la cité des artistes sont partis sous le coup des démolisseurs du Patrimoine bâti public, à l’exception de la salle des spectacles.
(Source : Médiaguinée)