Maître Amadou Oury Diallo, avocat de la partie civile, après avoir posé des questions au colonel Blaise Gomou – actuellement à la barre du tribunal criminel chargé de juger les graves exactions commis le 28 septembre 2009 au stade de Dixinn -, a soumis une requête particulière : procéder à l’exhumation des corps ensevelis dans les présumés « fosses communes » creusées après le massacre.
« Depuis le début de ce procès, nous parlons des fosses communes. Tout le monde est unanime qu’il y a des fosses communes à Faban. Pourquoi ne pas demander une expertise au niveau de Faban pour exhumer les corps, afin de constater effectivement l’existence de ces corps. Nous ne pouvons pas rester silencieux. Si les responsables locaux du quartier de Faban ne disent pas la vérité au peuple de Guinée et au tribunal, nous partie civile, nous sommes en droit de demander une expertise, par des spécialistes pour aller exhumer les corps pour voir si effectivement, ce sont des corps de manifestants », a déclaré Me Diallo à la presse, en marge de l’audience du mardi 31 janvier 2023.
Au moins 157 personnes opposées à l’idée de la candidature à la présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara avaient été massacrés par des militaires, des gendarmes et des policiers, au cours d’une manifestation au stade du 28 septembre, quand l’ex putschiste était au pouvoir.
Seuls 57 corps avaient pu être rendus à certaines familles à la grande mosquée Fayçal, dans une ambiance chaotique, laissant des dizaines d’autres sans nouvelles de leurs proches.
Selon un individu présenté comme un agent secret angolais, dont les déclarations sont également corroborées par plusieurs avocats, il existerait au moins une fosse commune dans le quartier de Faban, en banlieue de Conakry, derrière la piste de l’aéroport.
La même source a fait un récit glaçant des circonstances qui ont conduit à l’aménagement de cette présumée fosse commune qui aurait servi à ensevelir un partie des cadavres jugés « non présentables » (la plupart de ces victimes ayant été tués à la machette) qui, selon lui, ne parvenaient pas tous à contenir dans la fosse creusée à la main par les fossoyeurs.
D’après cet agent de renseignements, le reste des corps a été embarqué à bord d’une grande pirogue pour être déversé à proximité des côtes sierra léonaises.
« Les 13 creuseurs ont été exécutés sur place et ensevelis dans la fosse », révèle-t-il.
Depuis le 28 septembre 2022, date de l’ouverture du procès, le tribunal criminel interroge une dizaine d’accusés, dont l’ex putschiste Camara sur ces faits graves.
Amadou Tidiane Diallo