Présenté à la barre du tribunal criminel chargé de juger les massacres, les viols et les exactions commis le 28 septembre 2009 au grand stade de Dixinn, l’accusé Paul Mansa Guilavogui a confirmé une partie des accusations de tortures perpétrés au camp Koundara, rebaptisé « Makambo » en 2009.
L’ex sergent chef, accusé d’enlèvement, de séquestration et de tortures après les évènements du 28 septembre 2009, a rejeté en bloc les griefs portés contre lui. Il a au passage révélé avoir passé plusieurs années en prison;
Selon lui, c’est le commandant du camp de l’époque, le dénommé « Beugré » qui donnait des ordres à des hommes qui s’exécutaient, tout en précisant que lui Guilavogui a toujours trouvé un prétexte pour ne pas participer aux séances de torture.
« Si je dis qu’il n’y a pas eu de tortures au Camp Macambo j’aurais menti, c’est le commandant Beugré qui était responsable de ces tortures », soutient l’accusé.
« C’est lui-même (Beugré), en tant que commandant, qui ordonnait ça à ses hommes. Personnellement, il m’a mis en prison un jour parce que j’ai aidé un des détenus qui avait son bras enflé. Je suis allé discrètement lui acheter du beurre de karité pour lui masser la partie douloureuse et je lui ai laissé le reste pour qu’il puisse s’en servir. Quand Beugré a découvert ça, il m’a envoyé en prison », a expliqué Guilavogui.
Ex sergent chef de l’armée guinéenne, l’accusé affirme avoir été radié des effectifs en 2010, sur une décision du chef d’état major général des armées guinéennes de l’époque, le général Kéléfa Diallo.
Guilavogui a indiqué au tribunal criminel qu’il n’était pas présent à Conakry le jour du massacre.
« J’étais à Kankan le 28 septembre 2009. Je ne suis revenu à Conakry que le 2 Octobre », a-t-il déclaré à la barre.
L’accusé a aussi expliqué qu’il est à l’origine membre d’une unité militaire à Kankan et que sa venue à Conakry est due à une décision d’évacuation prise par sa hiérarchie, suite à un accident de moto qu’il a subie.
« Je suis venu à Conakry pour me soigner. C’est après que je me suis rendu au camp Koundara où je suis resté en attendant de pouvoir régler définitivement mon transfert à Conakry », a affirmé Guilavogui, suite aux nombreuses questions des procureurs et de quelques avocats de la partie civile.
Détail important, l’accusé soutient qu’il ne s’est pas rendu à l’hôpital pour des soins mais qu’il a été traité par sa mère avec la médecine traditionnelle. Une version qui a créé le doute chez ses accusateurs.
Aissatou Walid bah