Il y a en qui n’ont jamais compris comment un homme comme le Premier ministre Bernard Gomou, aux idées apparemment libérales, venu du secteur privé, où il a réussi à bâtir une entreprise qui a pignon sur rue, en utilisant les moyens et la petite expérience dont il disposait, en est arrivé à négliger le poids de la stabilité dans un contexte aussi compliqué.
Même en ignorant sa sortie malheureuse contre l’actuel président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO), en même temps président de la République de Guinée Bissau, Umaru Cissoko Embalo pour ne pas le nommer, plusieurs errements exposés par le patron de la primature poussent à se poser des questions.
En effet, par pur pragmatisme et en mettant lucidement les faits sur la balance, l’actuel Premier ministre guinéen aurait dû réaliser, depuis le premier jour où il est entré au « Petit palais », que l’idée même de faire sans les grandes coalitions politiques – trop solidement implantées en Guinée – ou de créer une dynamique visant secrètement à aboutir à leur mise à l’écart, n’était pas des plus subtiles.
« Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute » disait Jean de la Fontaine (Le Corbeau et le Renard) !
Quelle erreur d’avoir écouté des agitateurs politiques qui sont tellement conscients de leur poids insignifiant au sein des populations qu’ils n’organisent jamais de meetings géants filmés par drone, se contentant de commander des « plans serrés », à l’issue de montages laborieux, pour masquer le vide derrière les visages présentés à la caméra ou de… réunir leurs rares militants dans leurs sièges si exigus !
C’était quoi l’idée de vouloir mettre toutes les formations politiques dans un même sac, comme si un meeting d’un Cellou Dalein Diallo, d’un Alpha Condé ou même d’un Sidya Touré pouvait être similaire à celui d’un obscur leader politique volontairement volubile, à la voix inversement proportionnelle au poids politique réel ?
On ne fait pas la politique avec des slogans creux et de belles images, encore moins avec la (fausse) très haute idée qu’on se fait de sa propre personne, mais avec ce qu’on a (la réalité).
Vouloir contourner les faits, maintenir une forme de cécité volontaire pour on ne sait quel objectif, et qui sait, dérouler un « agenda caché » est une vraie chimère qui pourrait coûter cher à la paix sociale et à la stabilité du pays.
Jusqu’à preuve du contraire, ces dernières années, les Guinéens, dans leur très écrasante majorité, pour des raisons diverses (y compris les plus subjectives dénoncées urbi orbi) ne se sont jamais trompés de bulletin de vote et ce n’est pas demain la veille qu’ils se réveilleront sous la « direction éclairée » d’un quelconque deus ex machina.
Le PM Gomou, garant du dialogue politique et social, qui dispose indéniablement d’une solution à cette crise inquiétante, devrait intégrer tout ça, présenter les choses telles qu’elles sont à ceux qui l’ont nommé à son poste et ne pas chercher à lutter inutilement contre les moulins à vent.
Oumar Camara