Membre de la chambre des représentants, l’élu républicain Matt Gaetz a interrogé au Congrès des Etats-Unis le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général Michael Langley qui a reconnu que des militaires africains dont le colonels Mamadi Doumbouya de la Guinée et Paul-Henri Sandawogo Damiba du Burkina Faso, ont reçu des formations dispensées par les Américains, ce qui ne les a pas empêchés d’opérer leur coup d’Etat.
L’échange entre ce membre du Congrès n’a pas été facile, même si l’officier supérieur a tenté de relativiser ce genre de situation.
Aperçu de l’échange (traduction Mediaguinée)
Rep. Gaetz : Quel pourcentage des personnes que nous avons formées finissent par participer à des insurrections ou à des coups d’État contre leur propre gouvernement ?
Général Langley : Très petit nombre, membre du Congrès. Très petit nombre.
Rép. Gaetz : Quel pourcentage pensez-vous ?
Général Langley : Je dirais probablement moins de 1 %.
Rép. Gaetz : Mais ça arrive ?
Général Langley : Le programme IMET est en vigueur et nous en avons envoyé un nombre important dans nos écoles à travers le…
Rep. Gaetz : Et quels ensembles de données suivez-vous pour arriver à la conclusion que moins de 1 % des quelque 50 000 personnes que nous avons formées ont participé à des coups d’État ? Parce que ce serait environ 500? Environ 1 % de 50 000 ?
Général Langley : Membre du Congrès, nous pouvons avoir cette information. Je ne le fais pas pour le moment.
Rép. Gaetz : Mais je sais qu’il y en a, n’est-ce pas ? Allez-y et parcourez cette image. Voici le colonel Mamadi Doumbouya et voici une photo de lui. L’avons-nous formé et équipé ? En Guinée ?
Général Langley : Par son nom, je ne peux pas l’identifier.
Rép. Gaetz : Eh bien, ce type au milieu avec le Big Red Hat, c’est lui avec un groupe de militaires américains à l’extérieur de notre ambassade, et quelques mois seulement après que cette photo a été prise en 2021, il a mené un coup d’État en Guinée et a expulsé le meneur. Cela vous concerne-t-il ?
Général Langley: Membre du Congrès, les valeurs fondamentales sont ce avec quoi nous commençons dans les programmes IMA et nous nous en tenons à cela.
Rép. Gaetz : Partageons-nous des valeurs fondamentales avec le colonel Doumbouya ?
Général Langley : Valeurs fondamentales. Je vais répéter cela. Valeurs fondamentales. Respect pour-
Rep. Gaetz : Partageons-nous ces valeurs avec le colonel Doumbouya ?
Général Langley : Absolument.
Rép. Gaetz : Oui ? Il a mené un coup d’État.
Général Langley : Dans notre programme, nous le faisons.
Rep. Gaetz : OK, eh bien, c’est une réponse très révélatrice. Au Burkina Faso, avons-nous partagé des valeurs fondamentales avec le leader que nous avons formé là-bas et qui a mené un coup d’État ?
Général Langley : C’est dans notre programme…
Rép. Gaetz : Diriger des coups d’État est dans notre cirriculum ?
Général Langley : – Nous insistons sur les valeurs fondamentales, exige une gouvernance dirigée par des civils.
Rép. Gaetz : Attendez, attendez, est-ce que diriger des coups d’État est dans notre programme ?
Général Langley : Absolument pas. Responsable civil–
Rep. Gaetz : Ma question est la suivante : partageons-nous des valeurs fondamentales avec le putschiste au Burkina Faso que nous avons formé ?
Général Langley : De manière holistique, nous enseignons des valeurs fondamentales entières avec le respect de la gouvernance civile, apolitique, et c’est ce qui colle à travers un pourcentage très élevé.
Rép. Gaetz : Il y a un instant, vous avez dit que nous partagions des valeurs fondamentales avec le colonel Doumbouya. Vous avez dit cela il y a quelques instants en réponse à ma question, et sa valeur fondamentale semble mener un coup d’État. Donc je ne pense pas que ça coince. Je pense que nous devrions au moins savoir dans combien de pays nous formons les putschistes, combien c’est trop. Parce qu’il est clair que deux, ce n’est pas trop et je pense que nous pourrions utiliser nos ressources bien plus efficacement que cela.
Les Etats-Unis, dans leurs principes de base de promotion de la démocratie et des libertés, écartent toute idée de prise de pouvoir par la force et évitent en général d’être mêlés de près ou de loin à des putschs militaires.
Amadou Tidiane Diallo