L’annonce de la date d’ouverture du procès de l’ex PM Ibrahima Kassory Fofana et des ses co-accusés, le mercredi 15 mars 2023, dans une procédure qu’ils jugent « illégale », n’est pas du tout du goût des avocats de la défense des anciens dignitaires déchus par le coup d’état du 5 septembre 2021. Hier, le célèbre avocat, Maître Paul Yomba Kourouma a ouvertement laissé transparaitre sa frustration au micro de nos confrères de Djoma FM.
« Lorsque les conditions d’un procès juste et équitable ne sont pas réunies, lorsque l’on sait déjà qu’on est condamné avant le procès, lorsqu’on sait que c’est pour les exclure de la marche politique parce qu’une fois présents, la question de libération s’annule purement et simplement, on en parle plus. Donc, c’est un piège. M. Aly Touré veut habiller ses erreurs, ses lacunes, ses faiblesses, ses infirmités, ses tares et insuffisances pour faire condamner nos clients. (…) », a chargé Me Kourouma.
« Donc, je dis encore une fois de plus, les conditions d’un procès libre et équitable ne sont pas réunies. Premièrement, celui qui doit être jugé n’a pas la plénitude de ses facultés, il ne peut pas se défendre. Deuxièmement, il ne peut pas préparer sa défense parce qu’il devrait être libre avant de comparaître. Deux décisions sont déjà rendues en sa faveur. Regardez la Cour suprême, pour une simple libération, il nous a fallu plus de 9 mois », a soutenu ce ténor du barreau de Conakry.
Me Kourouma a de nouveau insisté sur la condition que les conseils des ex membres du gouvernement brandissent depuis quelques semaines : la liberté provisoire pour leurs clients avant de comparaître devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), dans le cadre d’un dossier qu’il estime n’être pas lié aux premières charges qui avaient été notifiées à Kassory Fofana et ses ex collègues.
« Il n’y aura pas d’audience. En tout cas M. Kassory Fofana et ses pairs ne se présenteront pas pour cautionner une parodie de justice. Ils constateront le vide, parce que nous sommes avocats de partie. Si les parties ne comparaissent pas, il n’y aura pas de procès », a-t-il expliqué.
« D’abord, les avocats décideront qu’ils ne cautionneront pas la parodie de justice, en ne se présentant pas le jour de l’audience. Deuxièmement, les prévenus eux-mêmes plaideront leur mise en liberté. Donc, aller à ce procès, c’est conduire nos clients au supplice, aux bagne, à la potence, à la perte de carrière », a souligné Me Kourouma.
Aïssatou Walid Bah