Un jour, un vieux prince de la famille royale naloue, sentant sa fin proche, réunit ses enfants pour ordonner à chacun de s’emparer d’un bout de branche d’arbuste. La première épreuve consistait, pour chaque fils, à briser en deux l’objet entre leurs mains. Chacun s’exécuta avec une facilité déconcertante.
La seconde épreuve, plus surprenante pour l’assistance, était qu’après que le vieux prince ait réuni et fait attacher tous les morceaux de branches brisées, de demander à chaque fils de casser en deux l’assemblage, à tour de rôle. Chacun s’y essaya mais personne ne réussit.
Le vieux prince s’adressa alors à ses enfants : « dans votre vie, vous serez comme les branches que je vous ai demandé de briser. Tant que vous serez isolés, vos adversaires n’auront aucune difficulté à vous soumettre. En revanche, si vous vous unissez comme cet assemblage, rien ni personne ne pourra vous vaincre ! »
En l’espace d’un tweet, ce qui était présenté comme une alliance à toute épreuve a révélé des failles inquiétantes.
Ceux que les dernières élections, organisées dans le pays, ont consacré comme les leaders politiques guinéens les plus en vue, ont abandonné leur piédestal pour offrir un spectacle si pathétique que certains observateurs se sont interrogés sur le sens de leur combat. Un véritable bain de boue…
Face à une junte militaire déterminée à jouer les prolongations – n’hésitant pas à communiquer à tout-va sur « une transition de 24 mois à partir de janvier 2023 » -, le groupe baptisé « le quatuor » n’a rien trouvé de mieux que d’étaler ses divisions puériles, loin d’une stratégie coordonnée et des urgences du moment (chronogramme, fichier électoral, élections…).
Mamadou Sylla, l’homme d’affaires présenté furtivement, en l’espace d’une rencontre avec le PM Bernard Gomou, comme « coordinateur » des politiciens mécontents de la conduite actuelle de la transition, a été obligé de se justifier avec force détails, comme un « grand » !
Résultat de l’exercice risqué, l’impression générale qui s’est dégagée est un arrière goût de sandwich douteux, acheté dans une cour de récréation poussiéreuse ou chez la vendeuse du coin, au bord des rigoles…
Au demeurant, à défaut de réussir à mobiliser leurs forces, les « grands leaders » ont versé dans une polémique aussi inutile qu’insensée.
On se demande bien, en l’état actuel des choses, ce qu’un titre fantoche de « coordinateur » d’une alliance de façade peut rapporter à un président de parti qui a vraiment l’ambition de conquérir le pouvoir, sans en avoir forcément l’électorat et/ou les moyens…
On se demande aussi, quelle mouche a piqué Mamadou Sylla pour s’épancher publiquement sur des broutilles, avec des saillies qui lézardent l’unité déjà fragile du quatuor, sans se soucier des conséquences futures.
On se demande enfin, quel était l’intérêt du tweet de Sidya Touré, si ce n’est d’exacerber les divisions contenues d’un groupe, qui a tout intérêt à rester uni. Comme si une bonne visioconférence ne suffisait pas…
Evidemment, on aura tout vu. Mais dans cette histoire, l’essentiel pour les laborieuses populations éprouvées est vraiment ailleurs.
De la hauteur messieurs les « grands leaders » !
La rédaction