L’activiste et membre de l’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH), Alseny Sall, a fait un analyse critique de la situation des droits de l’homme en Guinée, 2 ans après l’arrivée au pouvoir du Comité National du Redressement pour le Développement (CNRD).
Sall, qui a accordé une interview à nos confrères de Guinéenews, a dressé un tableau mitigé de la situation, regrettant des ratés sur plusieurs points.
« Nous restons perplexes et préoccupés sur la situation générale des droits de l’homme en dépit des efforts des autorités actuelles. Nous espérions mieux, si nous nous référons au chapelet de griefs invoqué le 05 septembre par le CNRD contre le régime défunt en matière des droits de l’homme. Comme vous le savez, la prise du pouvoir s’est passée dans un contexte où les droits de l’homme étaient bâillonnés et malmenés et les nouvelles autorités avaient promis des efforts pour éviter les erreurs du passé. Malheureusement, au fil de la transition, nous avons vu revenir la plupart des pratiques qu’on reprochait au régime précédent en matière des droits de l’homme. Il y a eu tout d’abord la restriction de l’espace civique par l’interdiction systématique du droit de manifestation, ensuite nous avons assisté au retour du harcèlement judiciaire contre les voix dissidentes, le recours aux forces de défense et de sécurité pour le maintien d’ordre avec son cortège des morts et de violences, la logique de criminalisation du droit de manifestation qui consiste à renvoyer les responsabilités des violations des droits de l’homme commises aux organisateurs de manifestations alors que sur le terrain la plupart des morts ont été tués par balles sans oublier la privation de liberté prolongée des personnes présumées innocentes poursuivies par devant la CRIEF pour des crimes économiques qui est une des spécificités du régime actuel… », a-t-il déclaré.
Depuis le début du procès du massacre du 28 septembre 2009 (actuellement suspendu en raison des vacances judiciaires), Sall est l’un des activistes les plus en vue dans l’encadrement des victimes.
Le CNRD, selon ses détracteurs, a provoqué au moins 30 morts au cours de manifestations interdites officiellement pour des raisons que les Forces Vives de Guinée (FVG), réunissant les principales organisations politiques et sociales du pays dénoncent vigoureusement.
Alpha Amadou Diallo