Depuis le 9 juillet, deux figures majeures de la société civile guinéenne, Foniké Mengué et Billo Bah, sont portées disparues. À ce jour, ni trace, ni nouvelle de ces leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Cette situation tragique serait alarmante en toute circonstance, mais elle est rendue encore plus insupportable par le silence assourdissant de la CEDEAO, organisation sous-régionale censée veiller à la paix et à la stabilité dans ses États membres.
Pourquoi ce silence ? Comment comprendre l’absence totale de réaction face à ce qui s’apparente à un enlèvement politique ? Me Vincent Brengarth, l’un des avocats des disparus, ne cache plus son indignation. « Nous sommes sidérés face à l’inaction de la CEDEAO sur cette affaire », déclare-t-il, fustigeant une passivité complice dans une crise qui dépasse de loin la simple disparition de deux militants. En effet, cette affaire symbolise à elle seule l’impasse démocratique dans laquelle la Guinée est plongée.
Les indices de l’implication des autorités guinéennes dans cette disparition sont troublants et devraient, en toute logique, alerter la communauté internationale. Mais non, la CEDEAO, dont l’autorité morale et politique est déjà sérieusement mise à mal dans plusieurs crises récentes en Afrique de l’Ouest, semble cette fois choisir l’indifférence. Pourquoi ? Par calcul géopolitique, par manque de courage, ou par simple inefficacité ? Le mystère reste entier.
Dans une région déjà marquée par des dérives autoritaires et des coups d’État militaires, le silence de la CEDEAO face à une telle atteinte aux droits de l’homme est non seulement incompréhensible mais dangereux. L’enlèvement de Foniké Mengué et Billo Bah n’est pas qu’une affaire guinéenne, c’est un précédent inquiétant pour l’ensemble de la sous-région. Quelle confiance les citoyens ouest-africains peuvent-ils encore accorder à cette institution si elle reste muette face à des violations aussi flagrantes des libertés fondamentales ?
Pour Me Brengarth, le combat continue. « Nous croyons qu’ils sont toujours en vie », affirme-t-il, déterminé à poursuivre la bataille pour la libération de ses clients. Mais cette détermination individuelle ne doit pas masquer l’urgence d’une réaction collective. Car derrière ce drame humain se cache un enjeu bien plus vaste : celui de la démocratie et des droits humains en Afrique de l’Ouest.
La CEDEAO doit comprendre que son silence équivaut à une trahison de ses principes fondateurs. Si elle persiste dans son mutisme, elle enverra un signal dévastateur à tous ceux qui, à travers la région, luttent pour la justice, la liberté et la démocratie.
O.Sibé Fofana