Badiar, mars 2025 – En pleine forêt guinéenne, une opération d’envergure vient d’être menée par la Brigade nationale de lutte contre la criminalité sur la faune et la flore. Du 7 au 15 mars, des patrouilles ont sillonné le Parc National du Badiar et ses environs, traquant les infractions environnementales qui gangrènent cette zone protégée.
Au lever du jour, le 7 mars, l’intervention démarre à Dakafodé, au nord du parc. Très vite, trois individus sont appréhendés, surpris en pleine récolte illicite de vin de rônier, une essence floristique strictement protégée par le code forestier guinéen. Le lendemain, la pression s’intensifie : cinq autres suspects tombent dans les filets des agents de la Brigade, avec en leur possession trois motos, dix bidons de 20 litres de vin de rônier et du matériel de récolte.
Les jours suivants, les équipes poursuivent leur traque dans la préfecture de Gaoual. Le 11 mars, un transporteur est arrêté en possession de six bidons de vin de rônier. Le lendemain, une vendeuse de viande de brousse et un autre individu, pris en flagrant délit avec une importante quantité de viande boucanée, sont interpellés. Ces produits proviennent d’espèces partiellement protégées par la loi guinéenne.
Un bilan alarmant
En moins de dix jours, dix personnes sont arrêtées dans les préfectures de Koundara et Gaoual. Elles encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 50 millions de francs guinéens pour exploitation illégale de produits forestiers, circulation sans autorisation et déboisement non réglementé. Pour la détention et la commercialisation de viande de brousse, la peine peut aller jusqu’à cinq ans de prison.
L’ampleur de ces arrestations met en lumière la persistance du trafic illégal de ressources naturelles dans cette région. « Nous faisons face à une exploitation intense de la faune et de la flore, malgré les interdictions en vigueur », confie un agent de la Brigade sous couvert d’anonymat.
L’urgence de la préservation
Le Parc National du Badiar, joyau écologique de Guinée, subit une pression croissante. Le ministère de l’Environnement et du Développement durable, à travers la Direction Générale des Conservateurs de la Nature (DGCN), redouble d’efforts pour protéger cet écosystème fragile.
Le procès des suspects s’ouvrira la semaine du 24 mars. Pour les autorités, ces opérations et les sanctions judiciaires doivent envoyer un message clair : la criminalité environnementale ne restera pas impunie. Mais sur le terrain, la lutte est loin d’être gagnée.
Amadou Diallo