Donald Trump devra livrer un autre combat judiciaire sans précédent aux États-Unis, tout en tentant de poursuivre sa campagne pour retourner à la présidence de ce pays divisé et déboussolé par ses actions.
Le grand favori parmi les candidats républicains à l’élection présidentielle de 2024 est devenu jeudi le premier ancien président à être inculpé pour des crimes fédéraux. L’acte d’accusation, qui n’a pas encore été dévoilé, a été déposé auprès du tribunal fédéral de Miami.
Selon plusieurs médias américains, le 45e président devra répondre à sept chefs d’accusation en lien avec sa gestion de documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche.
Parmi les crimes que le procureur spécial Jack Smith a retenus contre lui figurent ceux-ci : rétention délibérée d’informations relatives à la défense nationale, dissimulation de documents gouvernementaux, complot pour entraver la justice et fausses déclarations.
Donald Trump, qui devra se présenter mardi après-midi devant le tribunal de Miami, a lui-même annoncé son inculpation jeudi soir sur Truth Social, son réseau social.
« L’administration corrompue de Biden a informé mes avocats que j’avais été inculpé, apparemment pour le canular des boîtes », a-t-il écrit.
« J’ai été convoqué au tribunal fédéral de Miami mardi, a-t-il ajouté. Je n’aurais jamais cru possible qu’une telle chose puisse arriver à un ancien président des États-Unis. »
Peu après, dans une vidéo réalisée à Bedminster, site de son club de golf au New Jersey, il a rejeté les accusations formulées contre lui par le département de la Justice.
Les boîtes auxquelles Donald Trump faisait allusion dans son message sur Truth Social contenaient plus de 300 documents classifiés qui avaient été transférés de la Maison-Blanche à Mar-a-Lago, son club privé à Palm Beach, le 20 janvier 2021 ou dans les jours qui ont précédé la fin de son mandat.
Découverte de documents confidentiels
Donald Trump aurait dû remettre ces documents et plusieurs autres aux Archives nationales à la fin de son mandat, en vertu de la loi baptisée Presidential Records Act.
Or, malgré les demandes pressantes des responsables des Archives nationales, Donald Trump n’a accepté qu’à la mi-janvier 2022 de leur retourner 15 boîtes de documents. Les Archives nationales ont alors découvert que des documents hautement confidentiels se trouvaient dans ces cartons, ce qui a incité l’agence à adresser le dossier au département de la Justice, qui a aussitôt ouvert une enquête criminelle.
En juin 2022, après avoir envoyé à Donald Trump une assignation à produire des documents, le département de la Justice a obtenu que l’ancien président lui rende des dizaines de documents confidentiels qui étaient demeurés en sa possession. Mais ses enquêteurs étaient convaincus que le propriétaire de Mar-a-Lago conservait encore des documents classifiés à Palm Beach.
Cette conviction a été confirmée le 8 août 2022 lorsque le FBI a retrouvé dans la résidence de Donald Trump plus de 100 autres documents classifiés, dont certains contenaient les secrets les mieux gardés des États-Unis.
Depuis, Donald Trump est soupçonné non seulement d’entrave à une enquête criminelle, mais également de violation de la loi sur l’espionnage, qui interdit notamment la rétention délibérée d’informations relatives à la défense nationale et la dissimulation de documents gouvernementaux.
Autres affaires
Cette nouvelle inculpation à Miami s’ajoute aux 34 chefs d’accusation pour falsification de documents d’entreprise auxquels Donald Trump devra répondre à New York. Cette affaire a pour origine un paiement de 130 000 $ à l’actrice porno Stormy Daniels en échange de son silence à la veille de l’élection présidentielle de 2016 sur sa relation sexuelle présumée avec le futur président.
Donald Trump est visé par deux autres enquêtes criminelles en lien avec ses efforts pour annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020. L’une de ces enquêtes pourrait lui valoir d’être inculpé en août prochain par la procureure du comté de Fulton, en Géorgie.
Jusqu’à présent, les ennuis judiciaires de Donald Trump ne lui ont pas nui sur le plan politique, bien au contraire. Sa cote de popularité a grimpé en flèche chez les républicains après sa mise en accusation à New York. Et le verdict d’un jury de New York le déclarant responsable d’agression sexuelle et de diffamation à l’endroit de l’autrice E. Jean Carroll n’a pas davantage entamé sa popularité au sein de son parti.
Des alliés indéfectibles
Jeudi soir, les alliés de Donald Trump au Congrès se sont vite rangés derrière lui.
« Il est inadmissible qu’un président mette en accusation le principal candidat qui s’oppose à lui, a écrit sur Twitter le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. Joe Biden a conservé des documents classifiés pendant des décennies. »
« C’est un jour triste pour l’Amérique, a déclaré de son côté le représentant républicain d’Ohio Jim Jordan, président de la commission judiciaire de la Chambre, dans un communiqué. Que Dieu bénisse le président Trump. »
Marjorie Taylor Greene, sa collègue de Géorgie, a estimé que l’inculpation de Donald Trump est une « tache sur [la] nation » qui démontre selon elle la corruption du FBI et du département de la Justice.
« Nous devons gagner en 2024. Nous devons battre ces gens malades », a-t-elle dit.
Échos dans la course à la présidence
Au moins quatre candidats républicains à la présidence, dont Chris Christie et Ron DeSantis, ont commenté l’inculpation de Donald Trump.
« Comme je l’ai déjà dit, personne n’est au-dessus de la loi, même s’il aimerait l’être, a tweeté l’ancien gouverneur du New Jersey. Nous aurons plus à dire lorsque les faits seront révélés. »
Le gouverneur de Floride s’est montré beaucoup moins circonspect. « L’instrumentalisation de l’application de la loi fédérale représente une menace mortelle pour une société libre, a-t-il tweeté. Depuis des années, nous assistons à une application inégale de la loi en fonction de l’affiliation politique. Pourquoi tant de zèle à poursuivre Trump et tant de passivité à l’égard de Hillary ou de Hunter ? »
La Maison-Blanche n’a pas commenté l’inculpation du rival potentiel de Joe Biden en 2024.
(Source : La Presse)