La convention démocrate s’ouvre lundi à Chicago avec l’objectif de renforcer la dynamique enregistrée par la vice-présidente sortante Kamala Harris, qui sera officiellement investie jeudi comme candidate de son parti pour affronter Donald Trump lors de la présidentielle de novembre. France 24 fait le point sur les moments clés de cet événement médiatique.
C’est un moment fort du calendrier politique américain qui débute à Chicago, lundi 19 août. La convention démocrate, qui doit durer quatre jours, se clôturera jeudi avec l’investiture de Kamala Harris comme candidate du parti à l’élection présidentielle.
La première femme vice-présidente des États-Unis a déjà redonné à une partie de l’Amérique un espoir : celui de battre le républicain Donald Trump lors du scrutin de début novembre. Car il y a un mois à peine, les démocrates s’attendaient à investir sans passion et dans l’inquiétude le président sortant Joe Biden, embourbé dans les sondages et visiblement amoindri par ses 81 ans.
Jetant finalement l’éponge le 21 juillet, le locataire de la Maison Blanche a permis à sa vice-présidente, Kamala Harris, de prendre sa place à la tête du ticket démocrate.
Très rapidement, la campagne de celle-ci a battu des records en matière de collecte de fonds comme de soutiens et a fait basculer les sondages d’opinion en faveur des démocrates dans certains États-clés, comme le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
Selon un sondage de l’Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research publié lundi, 48 % des Américains ont une opinion très ou assez favorable de Kamala Harris.
Au début du mois, la vice-présidente avait déjà obtenu le soutien de suffisamment de délégués pour devenir la candidate démocrate dans la course à la Maison Blanche.
Aussi, le principal objectif de la convention, qui doit permettre aux délégués de désigner officiellement un candidat à la présidence et d’approuver le programme du parti, s’annonce comme une formalité.
Les mouchoirs pour Joe Biden
Mais avant de célébrer leur nouveau « ticket », les démocrates s’apprêtent lundi à sortir les mouchoirs pour Joe Biden, qui passera solennellement le flambeau à Kamala Harris en ouverture de la convention démocrate.
L’octogénaire devrait déclarer que sa vice-présidente – la première femme noire et originaire d’Asie du Sud à occuper le poste – est la personne la mieux placée pour terminer la mission qu’il avait entamée : protéger la démocratie américaine de la menace qu’incarne Donald Trump.
Sur scène, Kamala Harris devrait brièvement apparaître avec son patron, à l’occasion d’un discours. Un moment médiatique diffusé en prime time et destiné à montrer l’unité des démocrates au sujet de cette succession.
Coutumière des caméras, une autre femme apparaîtra aux côtés du 46e président américain, son épouse Jill Biden.
Si l’actuelle première dame réitérera certes son soutien à Kamala Harris, elle ne manquera pas surtout, en soutien indéfectible de son mari, de vanter l’héritage politique de Joe Biden, selon une source proche citée par l’agence Associated Press. Selon la même source, le président quittera Chicago après cette allocution.
« Pour le peuple »
Kamala Harris, elle, devrait rester dans la « ville des vents » toute la semaine. Dès lundi, un slogan qui lui est cher doit être mis à l’honneur par les organisateurs : « Pour le peuple ».
Tout au long de la campagne, la candidate à l’investiture démocrate a repris cette expression dans ses discours mais aussi sur ses pancartes et ses tee-shirts. Ainsi que dans la nomenclature officielle de son principal comité de campagne.
Selon les organisateurs, lors de la soirée d’ouverture, les orateurs doivent faire passer un message : « Alors que Donald Trump se met en avant, les démocrates se battent pour le peuple américain. » Ce qui, selon eux, se reflète chez Kamala Harris et son colistier, le gouverneur du Minnesota, Tim Walz.
Les Obama et les Clinton sur le podium
Pendant ces soirées médiatiques, outre les élus et les dirigeants du parti, les démocrates prévoient de mettre en avant des « Américains ordinaires » et quelques artistes.
Les poids lourds démocrates viendront soutenir Kamala Harris sur les bords du lac Michigan. À commencer par l’ancien président Barack Obama et sa femme Michelle.
Un autre couple emblématique du clan démocrate se joindra sans surprise à la réunion de famille : l’ex-président Bill Clinton et son épouse, ancienne secrétaire d’État et candidate à l’élection présidentielle de 2016, Hillary Clinton.
Autres personnalités attendues, selon plusieurs sources : le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, et le chef de la minorité à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.
Le maire de Chicago, Brandon Johnson, doit pour sa part intervenir lundi. Le gouverneur de l’Illinois, J. B. Pritzker, et le « second gentleman », l’époux de Kamala Harris, Doug Emhoff, prendront la parole mardi.
Ce jour-là marquera une étape clé, confirmant la candidature du ticket démocrate à l’élection présidentielle : les 57 délégations démocrates présentes voteront officiellement pour désigner Kamala Harris et Tim Walz comme candidats dans la course à la Maison Blanche.
Une mission que le gouverneur du Minnesota acceptera dans un discours prévu le lendemain. Même exercice pour Kamala Harris jeudi soir : sa prise de parole marquera le dénouement de la convention.
La guerre à Gaza s’invite à la convention
Selon le Parti démocrate, au moins 50 000 personnes – délégués, bénévoles, partisans – sont attendues jusqu’à jeudi soir dans la troisième ville des États-Unis pour célébrer Kamala Harris.
Mais la fête devra aussi composer avec les colères qui marquent déjà la campagne. Des milliers de manifestants progressistes sont attendus à Chicago pour dénoncer – notamment – le soutien de l’administration Biden-Harris à la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Jugé trop proche d’Israël par une partie de la société américaine, le positionnement de Joe Biden face à la guerre à Gaza – déclenchée par l’attaque d’une ampleur inédite lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien – a suscité le désaveu des franges les plus progressistes de l’électorat démocrate, plus divisé qu’autrefois dans son soutien à l’État hébreu.
Un sujet délicat sur les plans politique et diplomatique, sur lequel Kamala Harris est particulièrement attendue.
Avec AFP, Reuters et AP