Les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé ce jeudi 18 avril des sanctions contre l’Iran, après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël. L’Union européenne s’apprête à faire de même. La plupart des sanctions en vigueur contre l’Iran sont des mesures américaines concernant le pétrole, que le pays contourne.
Les sanctions de Washington visent « 16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens », dont les Shahed, qui « ont été utilisés lors de l’attaque du 13 avril », a annoncé le département du Trésor dans un communiqué. Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.
Le président américain Joe Biden a déclaré que les États-Unis allaient continuer à demander « des comptes » à l’Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique. Il a assuré que les sanctions étaient destinées à « limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l’Iran », selon un communiqué de la Maison-Blanche. Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, « plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques », a précisé le Trésor.
De très nombreuses sanctions
Ces sanctions américaines et britanniques s’ajoutent à une série d’autres sanctions occidentales, rappelle Heloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri. « L’Iran fait déjà l’objet de très nombreuses sanctions du fait de son programme nucléaire – donc, imposées par les États-Unis – et également de sanctions au niveau européen sur ses exportations d’armement à la Russie. Parce que l’Iran vend des drones à la Russie et potentiellement des missiles balistiques. C’est sous cette justification-là, que certaines entreprises et individus sont ciblés », contextualise-t-elle.
Ces sanctions n’ont pas démontré leur efficacité pour l’heure, estime Heloïse Fayet. Elle constate « que les sanctions ne sont pas toujours très efficaces étant donné que l’Iran continue à enrichir de l’uranium, continue à fabriquer des missiles balistiques, des drones et des missiles de croisière ». « Ça n’a pas de conséquences sur le gouvernement iranien, notamment les Gardiens de la Révolution, du fait d’un marché noir et d’un d’une capacité à éviter les sanctions qui est très importante. Et évidemment, l’attaque du 13 avril de l’Iran sur Israël est le meilleur témoin pour montrer que les stratégies de pression maximale (…) ne fonctionnent pas. »
Contournement
Il en va de même pour celles visant le pétrole iranien. En vigueur depuis 2018, l’embargo américain contre l’Iran, décidé par Donald Trump, avait contribué à faire chuter lourdement les exportations de pétrole iranien. Mais elles n’ont pas été ramenées à zéro. Depuis deux ans, elles augmentent même. En mars, l’Iran a produit 3,25 millions de barils de brut par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie. Et actuellement, Téhéran parvient à exporter jusqu’à 1,5 million de barils de brut par jour. L’Iran a trouvé en Asie des partenaires lui permettant de les contourner. Son principal client est la Chine : les raffineurs pétrochimiques chinois non étatiques et semi-indépendants achètent du pétrole iranien à des prix très bas.
Il faut dire que l’Iran, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), détenteur des troisièmes réserves pétrolières au monde derrière le Venezuela et l’Arabie saoudite, est devenu maître dans le contournement des sanctions, expliquent les experts. Ce sont notamment des intermédiaires asiatiques qui vendent le pétrole iranien à des acheteurs en Asie de l’Est. Les fraudes sont massives, permettant aux exportations de la République islamique de remonter la pente.
En 2023, les exportations de brut iranien ont atteint de nouveaux sommets, générant des recettes impressionnantes de 35 milliards de dollars par an.
RFI