Un ancien boxeur japonais âgé de 88 ans, qui avait été condamné à la peine capitale en 1968 pour le meurtre d’une famille de quatre personnes, a été acquitté. En 2014, il avait été libéré après avoir passé 46 ans dans le couloir de la mort. Un tribunal avait admis des doutes sur sa culpabilité. Mais le chemin pour être innocenté aura été tortueux. Aujourd’hui, le tribunal de Shizuoka déclare Iwao Hakamada innocent et ses avocats appellent à une réforme du système judiciaire.
Iwao Hakamada aura été victime de l’acharnement des procureurs japonais. Cet ancien boxeur professionnel travaillait dans une petite usine de soja fermenté. En 1966, il est accusé d’avoir tué son patron, la femme de ce dernier et leurs deux enfants. Il a été acquitté jeudi 26 septembre.
Il est interrogé jour et nuit pendant 20 jours. Il est battu et empêché de dormir. Au vingtième jour, il craque, signe des aveux, mais se rétracte dès le début de son procès. Iwao Hakamada dit avoir été maltraité par la police. Il est ensuite condamné à mort, précise notre correspondant au Japon, Frédéric Charles.
Des preuves fabriquées par la police japonaise
En 2014, des tests génétiques ébranlent les preuves du crime. Des analyses ADN effectuées sur des vêtements recouverts de sang confirment qu’ils ne correspondent pas à ceux de l’accusé.
L’ancien boxeur est libéré, mais il reste condamné à mort et a perdu ses facultés mentales. Un condamné à mort au Japon reste dans une cellule minuscule éclairée 24 heures sur 24, sans contact avec l’extérieur.
Le tribunal de Shizuoka lui accorde alors un nouveau procès et un juge reconnait qu’il est possible que des preuves aient été fabriquées par la police pour le condamner. Iwao Hakamada ne comprend peut-être pas qu’il est innocenté. Le détenu ayant passé le plus d’années dans le couloir de la mort n’a d’ailleurs pas assisté à l’audience qui avait lieu à Shizuoka, non loin de là où il vit. Toute la bataille pour obtenir justice a été menée par sa sœur Hideko, âgée de 91 ans.
Cette affaire est un symbole pour les partisans de l’abolition de la peine de mort au Japon, moins nombreux dans l’archipel selon les sondages, que ceux qui y sont favorables. La presse locale critique vivement le système judiciaire. Au Japon, la reconnaissance de la culpabilité repose, avant tout, sur l’aveu, obtenu au terme de longs interrogatoires par la police qui abuse souvent de la torture physique et mentale.
Source : RFI