Huit jours après l’annonce du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les tensions s’intensifient. Les chefs d’État de la Cédéao avaient décidé de fixer cette sortie officielle au 29 janvier 2024, tout en prévoyant une période de transition de six mois. Cette mesure était destinée à organiser le départ des trois pays tout en permettant la poursuite des efforts de médiation avec les gouvernements militaires en place. Mais cette proposition a été rejetée en bloc par les juntes, qui accusent la France d’en tirer les ficelles.
Dans un communiqué publié sous les armoiries des trois nations et lu à la télévision par le Colonel Amadou, proche d’Assimi Goïta, les leaders des trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont qualifié la décision de la Cédéao de « manipulation ». Selon eux, cette période transitoire serait une tentative orchestrée par Paris pour déstabiliser l’alliance.
« La décision de prolonger pour six mois le retrait du Burkina, du Mali et du Niger de la Cédéao est une énième tentative qui permettrait à la junte française et à ses supplétifs de planifier et de conduire des actions de déstabilisation contre l’AES », a déclaré le Colonel Amadou dans une intervention retransmise.
Malgré cette opposition claire à la Cédéao, aucune mesure diplomatique, comme le rappel des fonctionnaires de ces pays siégeant au sein de l’organisation, n’a été annoncée. En revanche, l’accent a été mis sur les préoccupations liées à la sécurité. Le communiqué appelle à une vigilance accrue et met en garde contre tout recrutement dans des groupes armés : « Le collège des chefs d’État de la confédération décide de mettre les forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale, appelle les populations de l’AES à redoubler de vigilance et à rejeter les propositions d’enrôlement au sein de groupes terroristes », a ajouté le Colonel.
Cette escalade intervient alors que la Cédéao comptait sur les médiations du Togo et du Sénégal pour trouver un terrain d’entente avec les juntes. Mais l’AES semble fermer la porte à cette approche diplomatique, dénonçant des « manœuvres de déstabilisation initiées par une poignée de chefs d’État imposant leur volonté ».
Ce bras de fer illustre les tensions persistantes entre les pays membres de l’AES et une Cédéao qui peine à maintenir son rôle d’arbitre régional dans un contexte politique explosif. La prochaine étape pourrait bien déterminer l’avenir des relations entre ces deux blocs aux visions opposées.
source: Rfi