À fleurets mouchetés, le Comité national olympique et sportif du Mali et le ministère de la Jeunesse et des Sports s’opposent sur l’allocation, le décaissement et la gestion de fonds publics destinés à la participation aux derniers Jeux olympiques.
Entre politique et sport, les compétitions internationales sont souvent l’occasion de lever le voile sur les approximations financières dans la gestion de fonds alloués aux équipes nationales. Concernant les Jeux olympiques de Paris 2024, l’important était de participer, certes, mais l’essentiel est aussi de justifier au mieux l’argent budgétisé et décaissé. Si la première sentence est la célèbre paraphrase d’une déclaration d’un archevêque de Pennsylvanie par Pierre de Coubertin, la seconde phrase est le mantra de l’actuel Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm).
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Or, au bilan sportif malien démoralisant – zéro médaille olympique – vient s’ajouter, après coup, une polémique qui oppose le Cnosm et le ministère de la Jeunesse et des Sports quant à la gestion des fonds publics budgétisés pour la participation du Mali aux récents JO.
Le Cnosm cash sur table
Comme pour prendre les autorités politiques de vitesse, le Comité avait saisi l’occasion du bilan sportif pour mettre sur la table « ses » données financières. C’était lors d’une conférence de presse, le 27 août, à l’hôtel Millenium de Bamako. Après la reconnaissance de l’absence de victoire et le discours volontariste qui veut que tout effort nourrit les succès futurs, le directeur exécutif du Comité et chef de la délégation malienne à Paris a appelé à la transparence sur les postes budgétaires.
Après avoir décliné les ressources de chaque athlète en termes de bourses du Comité international olympique, le docteur Alassane Mariko a laissé le trésorier général faire le point des dépenses effectuées. Selon Abdoulaye Coulibaly, le Comité aurait soumis un budget de 420 253 400 F CFA au département des Sports. Une demande de plus de 700 millions de F CFA aurait été transmise au ministère de l’Économie et des Finances et 360,6 millions auraient été finalement promis au ministère. Ce sont, in fine, 93 921 633 F CFA qui auraient été virés au Cnosm, 11 de ces millions et quelques frais de transport devant d’ailleurs être reversés par le Comité.
À quand l’audit ?
Manifestement frustré, le Cnosm a tenu à comparer ses ressources avec celles de certains pays : avec 6 athlètes contre 23 sportifs maliens, le Cameroun aurait alloué 900 millionsde F CFA, tandis que la Côte d’Ivoire aurait voté un budget d’un milliard pour 13 participants aux JO.
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Deux semaines après cette conférence de presse, chacun se demande si les responsabilités seront fixées. Droit dans ses bottes budgétaires, le ministère des Sports affirme que le Comité olympique a reçu une somme suffisante pour assurer la préparation et la participation des athlètes. Plus ou moins en off, chacun des camps tente de discréditer l’autre, qui en supposant de la mal-gouvernance de l’instance gouvernementale, qui en supputant des rétentions de fonds à quelque niveau que ce soit, tous en regrettant un manque de coordination.
Des observateurs espèrent un audit approfondi, que n’aurait d’ailleurs pas exclu le bureau du Vérificateur général du Mali, dont la charge est de vérifier la gestion des ressources publiques.
Source : www.msn.com/fr