Le Premier ministre israélien a menacé les Libanais de subir des « destructions » comme à Gaza s’ils ne « libéraient » pas leur pays du Hezbollah. De son côté le mouvement islamiste libanais a tiré hier, mardi 8 octobre, 85 roquettes en direction de la grande ville portuaire de Haïfa à 40 km de la frontière libanaise. Nos envoyés spéciaux étaient sur place, sous-terre, à l’abri avec la population locale. Ils racontent.
Nous étions avec la cellule de crise de la municipalité d’Haïfa lorsque l’alerte a retenti. Nous descendons aussitôt dans la salle de contrôle souterraine à plus de 10 mètres sous terre, alors que les roquettes tirées par le Hezbollah s’approchent.
On entend les consignes envoyées par radio. Dans l’abri, les échanges avec l’extérieur et entre réfugiés fusent : « Alerte à la roquette concerne tout le périmètre du centre et du nord d’Haïfa. Tous aux abris… Soyez tous attentifs, il y a une nouvelle salve… On nous annonce un impact sur l’école Aaron Haroeh. Dîtes bien à tout le monde de rester 10 minutes à l’abri et envoyez les équipes de secours... L’impact est à côté de l’école, toutes les baies vitrées sont explosées, mais ils sont sains et saufs et ils sont à l’abri… Tous les enfants sont sains et saufs ; le staff est sain et sauf. L’électricité est coupée. Passe ce message de façon calme pour éviter la panique... »
Fin de l’attaque. Nous sortons de l’abri.
Alors qu’au loin de nouvelles sirènes retentissent, Ilana allume une cigarette. « J’ai vécu la deuxième guerre du Liban en 2006, nous raconte-t-elle, mais là, c’est nettement plus intense. Ces dernières semaines sont les pires. Attendez, c’est mon mari… allo ?… »
Ilana, d’une guerre à l’autre
Elle reprend : « Tout va bien, c’est bon. Il a entendu l’alarme et l’impact très fort. Ma fille est à l’armée, elle était en permission et elle est rentrée à la base sur la frontière libanaise ce matin. Elle se trouve vraiment là où il y a la guerre, alors comment est-ce que je pourrais être calme ? »
Ilana est arrivée d’Ukraine avec son mari il y a trente ans. Toute sa famille est dans la ville ukrainienne d’Odessa. Une autre ville portuaire cible, elle, de l’armée russe. « On s’appelle sans arrêt pour savoir comment là se passe là-bas et ici. Mon mari n’a pas vu sa mère depuis cinq ans. Il avait acheté des billets pour aller à Odessa. Mais allez savoir s’il y a des vols. Moi, je ne veux pas qu’il reste coincé là-bas ou je ne sais quoi… Ah justement ma fille m’appelle je vais lui parler… »
Certaines roquettes n’ont pas été interceptées par le système de défense antiaérien israélien, mais l’attaque n’a fait qu’un blessé, selon les autorités.
Source : Rfi