Moins d’une semaine après sa victoire face à Kamala Harris, le président élu Donald Trump progresse dans la formation de sa future administration, nommant des fidèles à des postes clés et exigeant qu’ils puissent assumer leurs fonctions en évitant un laborieux processus de confirmation au Sénat.
■ Elise Stefanik, une ardente défenseure d’Israël nommée ambassadrice à l’ONU
La représentante de l’État de New York a été nommée pour le poste d’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies. « Elise est une combattante de l’Amérique d’abord, incroyablement forte, tenace et intelligente », a justifié Donald Trump. Élue au Congrès en 2014 à seulement 30 ans, Elise Stefanik s’est d’abord posée comme une voix modérée. Sa circonscription s’ancrant dans le camp républicain, elle s’est peu à peu affirmée comme pro-Donald Trump. Elle a fait parler d’elle au plan national par sa défense impétueuse du président lors de sa première procédure en destitution en 2019, puis a refusé de certifier l’élection présidentielle remportée en 2020 par Joe Biden.
Plus récemment, en décembre 2023, elle a été la protagoniste d’une séquence devenue virale sur les réseaux sociaux, où on la voit interroger de façon extrêmement tendue Claudine Gay, la présidente de l’université Harvard, à propos de slogans pro-Palestiniens entendus sur le campus. Cette dernière avait ensuite démissionné.
Elise Stefanik, ardent soutien d’Israël, a accusé mi-octobre l’ONU de « croupir dans l’antisémitisme ». L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, a félicité lundi Mme Stefanik. « À l’heure où la haine et les mensonges remplissent les salles de l’ONU, votre clarté morale résolue est plus nécessaire que jamais », a-t-il écrit.
■ Marco Rubio au secrétariat d’Etat
C’est le sénateur de Floride Marco Rubio qui hériterait du secrétariat d’État selon le New York Times qui cite des sources proches du président élu. Fils d’immigrés cubains, Marco Rubio est connu pour ses positions dures contre les régimes dictatoriaux en général, et contre la Chine en particulier. Vice-président de la commission du Sénat sur le renseignement, il n’était au départ pas forcément aligné sur les positions du président élu sur a guerre en Ukraine et sur la nécessité de faire pression sur Kiev pour l’arrêter, mais il a fini par s’adapter. Il est aussi en phase avec son patron sur le financement de la défense de l’Europe, qui doit selon lui être assumé principalement par l’Europe.
■ Tom Homan, le « Tsar des frontières » à l’immigration
Tenant de la ligne dure, Tom Homan se voit confier le dossier brûlant du contrôle de l’immigration aux frontières. L’ex-directeur de l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE) sera chargé de mettre en application la promesse du président élu, qui s’est engagé à lancer, dès le premier jour de son mandat, la plus grande opération d’expulsion de migrants illégaux de l’histoire des États-Unis.
« Je connais Tom depuis longtemps, et il n’y a personne de meilleur que lui pour surveiller et contrôler nos frontières », a assuré Donald Trump sur son réseau social Truth. Tom Homan sera chargé de « toutes les expulsions d’étrangers illégaux vers leur pays d’origine », a ajouté le milliardaire républicain. Au cours de sa campagne, ce dernier s’est déchaîné à plusieurs reprises contre les migrants clandestins qui, selon lui, « empoisonnent le sang » de son pays, et a promis de réinstaurer une politique de séparation des familles à la frontière.
Tom Homan est apparu à la Convention nationale républicaine en juillet, déclarant à ses partisans : « J’ai un message pour les millions d’immigrants illégaux que Joe Biden a autorisé dans notre pays : vous feriez mieux de commencer à faire vos valises maintenant ». L’ancien policier âgé de 62 ans avait déjà dirigé l’ICE lors du précédent mandat de Donald Trump (2017-2021). Durant ce premier mandat, près de 4 000 enfants migrants avaient été séparés de leurs parents, placés en détention.
■ Mike Waltz, conseiller à la Sécurité nationale
Pour le poste de conseiller à la Sécurité nationale, Donald Trump a apparemment jeté son dévolu sur un autre faucon, un autre élu de Floride, le représentant Mike Waltz. Lui aussi connu pour ses positons dures contre la Chine, Mike Waltz est en outre un ancien des forces spéciales qui a été déployé plusieurs fois en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique. Il est plusieurs fois décoré pour sa valeur militaire.
■ Lee Zeldin à l’environnement
Le président élu a aussi désigné Lee Zeldin, un autre de ses proches, pour diriger l’Agence de protection de l’environnement (EPA). « Il va s’assurer d’une prise de décisions rapides et justes de déréglementation qui vont permettre de doper la force des entreprises américaines, tout en conservant les plus hautes normes environnementales », a promis le futur président républicain. Sous le mandat du démocrate Joe Biden, l’EPA a annoncé de nouvelles normes beaucoup plus strictes pour limiter les émissions de CO2 des voitures et des centrales à charbon.
Comme Elise Stefanik, Lee Zeldin est aussi un ancien représentant de l’État de New York. « Nous allons restaurer la prédominance énergétique des États-Unis, revitaliser notre industrie automobile pour ramener des emplois aux Américains, et faire des États-Unis le leader mondial de l’intelligence artificielle. Ceci en préservant l’accès à une eau et un air propres », a écrit l’élu sur X.
Le vainqueur de la présidentielle devrait enfin nommer directeur-adjoint de son cabinet Stephen Miller, un de ses proches conseillers depuis l’époque de sa première campagne réussie pour la Maison Blanche. Celui-ci est connu pour préconiser des mesures extrêmement fermes contre l’immigration illégale.
■ Susie Wiles, l’architecte de la campagne, comme cheffe de cabinet
Le 45e et bientôt 47e président américain avait procédé jeudi à sa première grande nomination en choisissant une femme, Susie Wiles, pour diriger son cabinet. Susie Wiles, 67 ans, a été l’architecte de la campagne électorale victorieuse du républicain, qui a remporté les sept États-clés, 312 grands électeurs contre 226 pour Kamala Harris, et semble en route pour avoir la majorité du vote populaire. « Susie est coriace, intelligente, créative, admirée et respectée partout », a estimé Donald Trump – qui appelle sa future cheffe de cabinet « bébé de glace » en raison de son tempérament soi-disant imperturbable.
Donald Trump a par ailleurs manifesté sa volonté de contourner les laborieux processus de confirmation, par les sénateurs, des personnes qu’il prévoit de nommer à des postes clés, et ce malgré le fait que les républicains ont repris le contrôle de la chambre haute du Congrès. Il compte pour cela utiliser une clause qui permet au président de faire des nominations temporaires lorsque le Sénat n’est pas en session.
Les républicains sont également donnés favoris pour remporter avec une courte avance la Chambre des représentants, mais dans certaines circonscriptions, notamment en Californie, le dépouillement n’est toujours pas achevé.
Source : Rfi