C’est une triste réalité pour cette famille et pour toutes les autres qui ont assisté impuissantes à la démolition, ces derniers jours, des concessions où elles logeaient à la Camayenne. Plusieurs années de tranquillité envolées en fumée sous les coups des pelleteuses et autres bulldozers…
Venue chez son oncle paternel depuis le weekend dernier, en attendant de trouver une habitation, Fatoumata Binta Diallo et ses frères sont hébergés chez celui ci au quartier Tombolia, situé dans la commune de Matoto, à plusieurs kilomètres de leur ancienne résidence.
Élève en classe de 9eme année dans une école à Dixinn, cette jeune élève n’a pas pu se rendre aux cours ce mardi 3 janvier 2023.
« On savait bien que notre maison faisait partie de leur liste d’habitations à démolir, mais on ne s’attendait pas ça, si rapidement . Mon père est décédé après ma naissance, ma mère s’est remariée à son petit frère. Je suis née et j’ai grandi avec mes petits frères dans cette maison », explique la jeune fille, saisie par l’émotion.
« D’après ma mère, c’est mon défunt père qui à construit 3 maisons dans notre cour qui étaient occupés par des locataires. Certains ont fait plus de 15 ans avec nous. Voilà qu’aujourd’hui nous sommes séparés d’eux… », ajoute-t-elle en larmes.
Thierno Saïdou Diallo, l’oncle de Fatoumata, affirme qu’il ne compte pas abandonner sa famille, surtout en cette période difficile.
« Je me rappelle du temps de Sékou Touré, où justice régnait. Personne n’osait faire du mal à son prochain. Aujourd’hui, c’est l’anarchie totale et c’est la loi du plus fort qui gagne », critique-t-il.
« Tant que je vivrai, je me battrai pour ma famille et pour toutes qui sont victimes d’injustice de la part des autorités », affirme l’oncle de Fatoumata.
Après la destruction de l’ancienne cité ministérielle, la junte militaire, via la direction générale du patrimoine bâti public, qui avait marqué un temps de pause dans sa décision dite de « récupération des domaines de l’Etat » – suite au tollé soulevé à Conakry, Kankan et Nzérékoré -, a repris les casses très impopulaires.
Le gros hic, c’est que cette fois-ci l’opération coïncide au milieu de l’année scolaire, une situation qui préoccupe aussi bien les élèves que leur parents.
« Je voudrais demander à nos enseignants de ne pas trop considérer les retards ou les absences que nous allons accuser. La majeure partie d’entre nous est en train de chercher un lieu sûr et proche de nos écoles », implore Fatoumata.
Aïssatou Walid Bah