Joint au téléphone par lindependant.org, le président de l’Alliance démocratique pour le changement, Bloc de l’opposition constructive (ADC-BOC), Ibrahima Sory Diallo, a abordé plusieurs questions d’actualité notamment le cadre de dialogue national, l’annonce de ministre de la justice d’extrader l’ancien président Alpha Condé pour d’être jugé et le procès du massacre du 28 septembre 2009.
lindependant.org : La plénière du Cadre de dialogue a pris fin ce 15 décembre 2022 à Conakry. En attendant les recommandations ou conclusions, selon vous, que faudrait-il réellement pour un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ?
Ibrahima Sory Diallo : Pour nous il faut tout simplement rappeler qu’il faut que les accords déjà mentionnés par le cadre de dialogue soient respectés. Si tout est respecté conformément à la loi et conformément à la recommandation issue de ce cadre de dialogue, je crois que rien ne peut empêcher un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Lorsqu’on nous a parlé de RAVEC (Recensement Administratif Volet Etat Civil) qui devait profiter à l’exploitation d’un fichier électoral, ce qui est tellement difficile, nous avons exprimé des soucis. Cela dit, il y a une périodicité qui a été donnée et si cette périodicité tient, il n’y aura pas de soucis.
Mais quand il nous donne un programme dont la périodicité ne tient pas, ça va être difficile. C’est tout l’intérêt de mettre en place un comité de suivi, qu’on a déjà adopté en plénière, qui reste nécessaire et incontournable. Voilà un peu, entre autres, des choses qu’il faut régler pour faciliter un retour à l’ordre constitutionnel.
Lindependant.org : Votre parti sera candidat aux futures élections locales ou nationales ?
Ibrahima Sory Diallo : Bien entendu, on est tous engagés.
Lindependant.org : L’ancien président Alpha Condé pourrait-être inquiété par la justice guinéenne, avec la dernière annonce du ministre Charles Wright. Pensez-vous réellement qu’il peut être extradé ?
Ibrahima Sory Diallo : Je ne suis pas contre l’annonce du ministre mais ce qu’il faut rappeler, ils ont suffisamment eu le temps d’inquiéter Alpha Condé parce que l’ex président a été extradé à un moment donné. Il était parti quand il était malade après ils l’ont extradé, il est rentré. Après c’est eux-mêmes qui l’ont libéré.
Je pense qu’il faut essayer d’oublier le dossier Alpha Condé et continuer avec l’élan actuellement engagé par le colonel Doumbouya. On doit classer ce problème dans les archives et s’occuper du président de la transition qui a entamé des réformes qu’on doit apprécier ou désapprouver. Pour moi, il faut vraiment tourner la page Alpha Condé.
Lindependant.org : On parle aussi d’assainissement du fichier de la fonction publique…
Ibrahima Sory Diallo : En ce qui concerne l’assainissement du fichier de la fonction publique, je pense qu’il s’agit d’abandonner les anciennes pratiques, y compris l’enrichissement illicite. Tout Guinéen qui postule à un poste de responsabilité dans le pays là doit savoir qu’il peut être jugé à un moment donné. Si ce principe est retenu, je pense que ce sera pari gagné.
Lindependant.org : Quelle leçon tirez-vous du procès de massacre du 28 septembre 2009 qui voit comparaitre l’ancien président Capitaine Dadis Camara ?
Ibrahima Sory Diallo : C’est quand même une honte nationale par rapport à tout ce qu’on entend de ces personnes qui ont dirigé le sommet de l’Etat. On comprend qu’on était dirigé par des incompétents. Nous remarquons qu’il n’y a aucune logique dans les propos, le niveau n’est pas tellement élevé. On comprend que c’est l’amateurisme qui a occasionné tout ce qu’on a vu.
Je pense que le général Sékouba Konaté, qui a remplacé Dadis à la volée, suite aux événements du 3 décembre 2009, doit également comparaître. Pour moi, la justice doit faire un jugement en lot ; c’est-à-dire essayer d’inculper ceux qui sont inculpés et ceux qui méritent être libérés soient libérés.
Mais à les écouter, je ne pense qu’il n’y aura pas quelqu’un qui sera innocenté parmi ces gens-là parce que, de près ou de loin, chacun a commis de crimes à des niveaux différents.
Propos recueillis par Alpha Amadou Diallo