À Conakry, les enlèvements se multiplient, alimentant un climat de peur et d’incertitude. Pourtant, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Bachir Diallo, semble aborder cette question avec une inquiétante légèreté. Interrogé sur le sujet dans l’émission “On fait le point” de la RTG, il a osé déclarer qu’il n’y avait eu, selon lui, qu’un seul cas d’enlèvement au cours des trois dernières années. Une affirmation qui, au regard des faits, détonne avec la réalité vécue par les citoyens de la capitale.
Les incidents se sont pourtant intensifiés ces derniers mois. Dès le début de l’année 2024, Conakry a été le théâtre de disparitions inquiétantes. Le 9 juillet, les militants Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont été enlevés dans des circonstances mystérieuses, leurs familles ignorant toujours leur sort. Trois mois plus tard, c’est l’ex-secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga, qui a été enlevé en plein jour à la sortie d’un hôtel. Le 17 octobre, ce fut le tour de l’opérateur économique Alhassane Diallo, kidnappé à Koloma Soloprimo, avant de retrouver la liberté quelques semaines plus tard, le 3 décembre.
Le colonel Pépé Célestin Bilivogui, porté disparu en novembre 2023, n’a été retrouvé que le 25 septembre 2024, sans vie. De même, le sergent-chef Moussa Cheick Soumah, enlevé à la même époque, demeure introuvable. Le 3 décembre 2024, c’est le journaliste Habib Marouane Camara qui est pris en otage à Lambanyi, un quartier de la haute banlieue de Conakry.
À l’exception d’Alhassane Diallo, dont les ravisseurs l’ont relâché, aucune des autres victimes n’a été retrouvée vivante. Si des enquêtes ont bien été lancées, elles n’ont débouché sur aucune arrestation. Le Parquet général de la Cour d’appel de Conakry a d’ailleurs confirmé qu’aucun suspect n’avait été arrêté, et aucune des personnes disparues n’a été retrouvée dans les prisons du pays.
Face à cette situation alarmante, les déclarations du ministre Bachir Diallo laissent perplexes. Loin d’apaiser les préoccupations de la population, elles témoignent d’une inquiétante déconnexion avec la réalité quotidienne des citoyens de Conakry. En minimisant l’ampleur du phénomène, le ministre ne fait qu’alimenter un climat d’insécurité et d’incompréhension, alors que la population vit dans l’angoisse de ne jamais revoir leurs proches enlevés.
Algassimou L Diallo