Conakry, Tribunal de la CRIEF — Devant la Cour de Répression des Infractions économiques et financières (CRIEF), Mohamed V Sankhon, ancien chef de la Division des affaires financières (DAF) du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, a réfuté toute implication dans le détournement de 53 milliards de francs guinéens. Face aux magistrats, il a dénoncé l’absence des principaux responsables des finances publiques dans cette affaire.
Un accusé qui clame son innocence
Sous les regards attentifs des juges et des avocats, Mohamed V Sankhon a pris la parole avec calme mais fermeté. « J’ai fourni toutes les pièces justificatives des dépenses liées à la rentrée scolaire et aux examens nationaux de 2020. Tous les documents ont été versés au dossier », a-t-il affirmé, insistant sur la légalité des procédures engagées.
Pour lui, une question essentielle reste en suspens : pourquoi l’ordonnateur et le contrôleur financier, pièces maîtresses du circuit de validation des dépenses publiques, ne sont-ils pas présents à la barre ? « Moi, je ne suis qu’un service d’appui. Je facilite l’exécution du budget en respectant les procédures », a-t-il expliqué, regrettant de devoir répondre seul de la gestion d’un système où plusieurs acteurs interviennent.
Un procès aux absents remarqués
L’accusé a également soulevé une anomalie : aucun de ses prédécesseurs ni d’autres responsables financiers des années antérieures n’ont été appelés à témoigner. « Depuis 2011, plusieurs DAF, contrôleurs financiers et ordonnateurs se sont succédés. Pourquoi suis-je le seul à répondre devant la justice ? » a-t-il interrogé, mettant en doute l’impartialité du procès.
Malgré cette situation, Mohamed V Sankhon s’est montré respectueux envers la cour. Il a salué la conduite des débats et remercié les magistrats pour leur gestion de l’audience. « Monsieur le président, je tiens à vous remercier pour votre pondération et votre manière d’organiser les discussions », a-t-il conclu.
Alors que le verdict est attendu dans les prochains jours, ce procès soulève des interrogations sur la responsabilité des différents maillons de la chaîne de gestion des finances publiques en Guinée. Reste à savoir si la justice ira au bout de l’enquête ou si Mohamed V Sankhon restera l’unique visage de cette affaire.
Saliou Keita