Le collectif des avocats de l’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, monte au créneau après sa condamnation à cinq ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Estimant que cette décision viole les principes fondamentaux du droit, la défense dénonce une justice « bâclée » et promet d’engager tous les recours nécessaires.
Le 20 février dernier, la CRIEF a reconnu Kassory Fofana coupable de détournement de deniers publics. Il a été condamné à cinq ans de prison et à une amende de deux milliards de francs guinéens. Pour ses avocats, cette décision ne repose sur aucune base légale et viole un principe fondamental du droit, à savoir qu’un juge ne peut statuer deux fois sur une même affaire.
Me Dinah Sampil a pointé du doigt l’implication du magistrat Soumah, qui avait déjà siégé lors de l’audience du 13 décembre 2024, audience au cours de laquelle l’évacuation médicale de Kassory Fofana vers une clinique spécialisée avait été autorisée. « Ce même juge est revenu pour condamner notre client, ce qui constitue une violation flagrante des règles universelles du droit », a-t-il déclaré.
Selon l’avocat, la condamnation repose sur le fait que l’ancien Premier ministre n’a pas comparu devant la cour pour justifier l’utilisation des 15 milliards de francs guinéens de la MAMRI. Une décision jugée « légère » par la défense, qui rappelle que son client est hospitalisé depuis plusieurs mois. « Tout le monde sait que M. Kassory Fofana n’a pas choisi d’aller à la clinique Pasteur. Il y a été évacué d’urgence après une crise survenue à la maison centrale de Conakry », a insisté Me Sampil.
Pour appuyer leur argumentation, les avocats ont présenté huit rapports médicaux attestant de l’incapacité physique de Kassory Fofana à se déplacer. « Il ne peut ni s’asseoir ni se tenir debout. Comment peut-on parler d’un refus de comparaître ? », s’est insurgé Me Sampil. Il estime que le juge aurait dû reconnaître l’incapacité médicale de son client plutôt que de la qualifier de « mauvaise foi ».
Les conseils de l’ancien Premier ministre dénoncent ainsi un procès inéquitable et affirment que la justice guinéenne a ignoré les preuves médicales fournies. Ils annoncent d’ores et déjà qu’ils useront de tous les recours légaux pour contester cette décision.
Saliou Keita