Conakry, 17 février 2025. Sous un ciel gris, les portes de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) s’ouvrent à nouveau pour un dossier datant de près de trois décennies. Dans la salle d’audience, l’atmosphère est lourde. Les bancs sont occupés par une assistance mêlant journalistes, curieux et proches des accusés.
Les anciens ministres Dr Ousmane Kaba, président du PADES, Boubacar Barry, vice-président de l’UFR, Mansa Moussa Sidibé, Ibrahima Sory Touré, alias Alain, et Moussa Condé, dit Tata Vieux, sont appelés à répondre de faits de faux et usage de faux en écriture publique ainsi que d’abus de confiance. Au cœur de l’affaire : la consignation de 26 navires chinois en 1997 contre une rémunération annuelle de 5 000 dollars par bateau.
L’audience s’ouvre sur une constatation : l’absence de Moussa Condé et de la société China National Fisheries Corporation (CNFC), attendus pour comparution. Le procureur prend la parole pour expliquer que Moussa Condé serait souffrant, sans apporter de justificatif médical concret. Quant à la CNFC, aucune raison officielle n’est avancée pour son absence. Une situation qui fait réagir la partie civile, représentée par l’avocat de la société Bankina Pêche.
« Rien ne prouve qu’il est réellement malade. Qu’il vous plaise de lui décerner un mandat de comparution », martèle l’avocat devant la Cour, exigeant des mesures coercitives pour assurer leur présence à la prochaine audience.
Malgré ces absences, la présidente de la Cour décide de poursuivre les débats. C’est alors que Mansa Moussa Sidibé, ancien ministre de la Pêche, est appelé à la barre. D’une voix assurée, il rejette en bloc les accusations. « Je n’ai jamais eu connaissance de telles irrégularités », affirme-t-il, sous le regard attentif des juges et des parties en présence.
La suite du procès s’annonce tendue. La Cour devra décider des mesures à prendre pour contraindre les absents à comparaître et poursuivre l’examen du dossier. En attendant, les débats restent ouverts, et l’opinion publique suit avec attention cette affaire qui révèle, une fois de plus, les zones d’ombre de la gestion des ressources halieutiques du pays.
Saliou Keita