Conakry, le compte à rebours est lancé. Ce 13 février 2025, l’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, connaîtra son sort devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Un verdict très attendu dans un pays où la lutte contre la corruption est devenue un cheval de bataille pour les nouvelles autorités.
Une affaire aux chiffres vertigineux
Lors de l’audience du 20 janvier dernier, la phase des plaidoiries et réquisitions a révélé des montants colossaux. La partie civile accuse Kassory Fofana d’avoir détourné 15 milliards de francs guinéens, des fonds initialement destinés à la MAMRI, une structure relevant de la Primature. Mais ce n’est pas tout. Des sommes importantes auraient été découvertes sur ses comptes bancaires : 902 647 dollars, 906 613 euros et plus d’un milliard de francs guinéens. Selon l’accusation, l’ancien chef du gouvernement n’a jamais pu justifier la provenance de ces fonds.
Un signal fort du parquet
Face à ces révélations, le parquet a pris position. Il demande une condamnation ferme de cinq ans de prison, le remboursement des 15 milliards de francs guinéens détournés, ainsi qu’une amende supplémentaire de cinq milliards. En plus de cette peine, la saisie de tous ses biens a été requise, dans l’objectif affiché d’envoyer un message clair à tous les gestionnaires de fonds publics.
Une défense qui dénonce un procès politique
Si l’accusation se veut intransigeante, la défense, elle, refuse de plaider. Ses avocats crient au « procès politique » et dénoncent une « parodie de justice » orchestrée par les nouvelles autorités issues du coup d’État. Pour eux, il ne s’agit que d’une tentative de discréditer leur client, qui n’a d’ailleurs jamais comparu devant le tribunal.
Un verdict sous haute tension
Alors que la Guinée retient son souffle, la question reste posée : le juge suivra-t-il les réquisitions du parquet en condamnant l’ancien Premier ministre, ou lui accordera-t-il des circonstances atténuantes ? La décision du 13 février marquera sans doute un tournant dans la politique de lutte contre la corruption en Guinée. Une condamnation ferme pourrait asseoir l’image d’une justice inflexible, tandis qu’un acquittement, ou une peine symbolique, nourrirait les soupçons d’un dossier à motivation politique.
Une chose est sûre : ce procès, au-delà du sort de Kassory Fofana, pose la question plus large de la reddition des comptes et de l’indépendance de la justice dans une Guinée en pleine mutation.
Algassimou L Diallo