Dans une atmosphère empreinte de frustration et de détermination, les détenus de la maison centrale depuis près de deux ans, dont Kassory Fofana et ses alliés, ont affirmé haut et fort qu’ils ne quémandaient pas le droit à leur libération, mais exigeaient plutôt son application immédiate. Lors d’une conférence de presse poignante tenue ce lundi, leurs conseillers ont lancé un appel direct au nouveau ministre de la Justice et des Droits de l’Homme pour qu’il mette en œuvre la décision rendue par la Cour de Justice de la CEDEAO en faveur de leurs clients.
Depuis le 6 avril 2022, Ibrahim Kassory Fofana, Mohamed Diané, Oyé Guilavogui, et d’autres sont maintenus dans la maison centrale de Coronthie, plongés dans une procédure judiciaire enlisée, suscitant l’indignation de l’ancien bâtonnier, Me Djibril Kouyaté. « Toutes nos démarches, toutes les relances pour obtenir l’application de la loi sont restées vaines jusqu’à présent », a-t-il déclaré, exprimant son désarroi devant cette situation stagnante.
Pourtant, le 16 octobre 2023, la Cour de Justice de la CEDEAO avait ordonné la libération immédiate et sans condition de Kassory et ses compagnons, constatant le caractère vide et infondé du dossier. L’avocat à la cour, Sidiki Bérété, a insisté sur le fait que cette décision devait être mise en œuvre sans délai ni condition. « Nous n’implorons pas le droit, nous le possédons déjà. Nous demandons simplement que les effets de la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO soient rétablis », a-t-il souligné avec force.
Dans un état d’exaspération palpable, Sidiki Bérété a martelé que deux ans étaient suffisants, que la détention de Kassory était injuste, et que les ordonnances ne fixaient aucun montant pour une éventuelle libération. « Quinze milliards, c’est déjà trop ! Deux ans d’humiliation pour des hommes qui sont pères de famille, alliés à tort par ceux qui détiennent le pouvoir, c’est inacceptable ! C’est notre cri du cœur, c’est assez ! », a-t-il lancé avec émotion.
Le nouveau ministre, Yaya Kaïraba Kaba, est donc appelé à prendre ses responsabilités. « Nous exhortons le nouveau ministre de la Justice à agir avec détermination et à dire la vérité. On ne peut maintenir ces individus en prison indéfiniment. La détention préventive en matière correctionnelle ne devrait pas dépasser 12 mois, et nos clients sont sur le point de passer deux ans derrière les barreaux », a-t-il ajouté avec fermeté.
Désormais, tous les regards sont tournés vers le nouveau gouvernement, en particulier vers le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, avec l’attente impatiente que la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO soit enfin appliquée.
Alpha Amadou Diallo