Conakry, Maison centrale – Dans l’enceinte austère de la plus grande prison de Guinée, un ballet de camions décharge des conteneurs remplis de lits, de matelas et de couvertures. Ce début de semaine, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, est venu constater de près la réception de ces équipements et inaugurer un nouveau bâtiment censé transformer les conditions de détention.
Face aux murs décrépis de l’établissement pénitentiaire, le ministre affiche son ambition : « Nos détenus doivent dormir sur des lits. Nos détenus doivent dormir sur des matelas modernes. Nos détenus doivent prendre leur douche à volonté. » Derrière ces mots, une volonté affichée des autorités de transition de changer l’image du système carcéral guinéen.
Une prison aux standards modernisés ?
Le bâtiment flambant neuf, conçu pour accueillir 750 détenus, promet de meilleures conditions de vie. « Il dispose de larges cellules aérées et ventilées, avec des toilettes internes modernes », détaille le ministre. Cette initiative s’inscrit dans la vision du chef de la transition, le général Mamadi Doumbouya, qui veut faire de la justice « la boussole » du pays.
En plus des nouvelles infrastructures, six conteneurs de lits et trois conteneurs de matelas ont été réceptionnés. Un changement notable dans un système carcéral souvent dénoncé pour ses conditions déplorables.
Une révolution ou un simple rattrapage ?
Pour les défenseurs des droits humains, l’annonce est une avancée, mais reste insuffisante. L’état de surpopulation et le manque d’accès aux soins demeurent des problèmes majeurs dans les prisons guinéennes. Le ministre, lui, insiste sur un changement de paradigme : « La prison n’est pas un mouroir. Elle est un lieu de rééducation sociale et de prise de conscience. »
Les actes suivront-ils les promesses ? L’avenir dira si cette réforme est un véritable tournant ou une mesure ponctuelle pour calmer les critiques. Mais une chose est sûre : pour les prisonniers de la Maison centrale de Conakry, la perspective de dormir sur un vrai matelas sonne déjà comme un luxe inattendu.
Alpha Amadou Diallo