Ce lundi marque une nouvelle étape cruciale dans le procès des événements tragiques du 28 septembre 2009 en Guinée. Les couloirs du tribunal résonnent désormais des échos des confrontations entre les principaux acteurs de cette sombre journée. Dans une salle tendue, le capitaine Dadis Camara, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, et Marcel Guilavogui se retrouvent face à face, échangeant des répliques cinglantes entrecoupées de commentaires pointus, chacun cherchant à se défausser de toute responsabilité dans le massacre qui a secoué le stade.
Le capitaine Dadis Camara crie au complot ourdi par ses deux anciens compagnons pour le désigner comme le seul coupable. Une seule question, mais trois versions : qui était réellement le commandant du régiment ce jour-là ? Dadis Camara affirme catégoriquement que c’était Toumba Diakité, mais ce dernier nie fermement, arguant qu’il n’a jamais été nommé à ce poste, seule la fonction d’aide de camp lui ayant été attribuée par décret présidentiel, une affirmation confirmée par Marcel. « Avez-vous un document officiel nommant Toumba Diakité comme commandant du régiment ? » interroge le tribunal. « Non ! » répond Dadis Camara, tout en reconnaissant que dans les faits, Toumba assumait ce rôle.
Les réponses de Marcel et de Toumba se rejoignent sur plusieurs points, mais Toumba refuse de répondre à certaines questions gênantes concernant Marcel Guilavogui, invoquant sa déclaration initiale. Cette première confrontation ne satisfait guère la partie civile, qui exprime ses doutes quant à une possible collusion entre les accusés pour se protéger mutuellement.
Du côté de la défense, l’attente était plutôt à une confrontation entre les accusés et les témoins ou les victimes, et non entre les accusés eux-mêmes. Me Abdoulaye Keita exprime son désaccord avec cette méthode, arguant qu’elle ne fait que semer la confusion. La défense refuse unanimement de poser des questions aux accusés, préférant garder le silence par tactique ou par crainte de nuire à leurs clients.
La complicité présumée entre Marcel et Toumba est soulevée par Dadis Camara lui-même, tandis que la défense de ce dernier reconnaît en partie cette collusion. Me Paul Yomba Kourouma déclare : « Marcel m’a beaucoup surpris dans ce procès. Quand vous l’entendez parler, vous avez l’impression qu’il détient les secrets de l’État. Quand vous entendez Toumba s’exprimer, vous savez qu’il en est le gardien. Quant à Dadis, je pense que ça va… »
Ensuite, le colonel Tiegoro prend la place de Moussa Dadis Camara, et les discussions se focalisent longuement sur la question de la grenade. Marcel et Tiegoro sont invités à rejoindre les rangs des accusés, tandis que Toumba Diakité a un dernier face-à-face avec Blaise Gomou.
Alpha Amadou Diallo