Conakry, 29 mars 2025 – C’est une annonce qui fait grand bruit en Guinée. Par un décret lu à la télévision nationale ce vendredi 28 mars, le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, a accordé une grâce présidentielle à l’ex-chef de la junte, le Capitaine Moussa Dadis Camara, pour des raisons de santé. Cette décision, hautement symbolique, suscite de nombreuses réactions, notamment au sein de la classe politique et de la société civile.
« Un pas majeur vers la réconciliation »
Parmi les premières personnalités à réagir, Mohamed Cissé, président du mouvement Nouvelle Guinée (NG), salue une initiative qui, selon lui, marque un tournant dans le processus de réconciliation nationale. Joint par notre rédaction ce samedi, il exprime son soutien à cette mesure.
« Nous avons appris hier la grâce accordée à Capitaine Moussa Dadis Camara. Vu l’atmosphère qui règne actuellement dans le pays, il est essentiel d’aller vers une réconciliation nationale impliquant tous les Guinéens. Chaque faction doit se sentir concernée. Et il est significatif que cela commence par celui qui dirigeait le pays au moment des faits. Il était un acteur central des événements, il était le cerveau. C’est une très bonne chose qu’il soit gracié, » affirme-t-il.
Vers une amnistie plus large ?
Toutefois, Mohamed Cissé estime que cette décision ne devrait pas être isolée. Il plaide pour un élargissement de la mesure à d’autres détenus, dans un souci d’équité et d’apaisement.
« Certes, la question de la santé a été évoquée, mais tout le monde n’est pas malade. Pour aller vers une véritable réconciliation nationale, la justice a fait son travail, les coupables ont été jugés et condamnés. Il serait donc pertinent que le président élargisse cette mesure à d’autres détenus. Aujourd’hui, il est le seul à pouvoir appeler les Guinéens à se pardonner. Nous sommes heureux pour Dadis, pour sa famille, mais aussi pour la Guinée, » insiste-t-il.
Une stratégie politique ?
Si certains voient dans cette grâce une volonté du Général Doumbouya de renforcer sa popularité en Guinée forestière, Mohamed Cissé rejette cette hypothèse.
« Il faut arrêter de tout politiser. Dadis n’a pas le monopole de la forêt et ne peut pas la ‘donner’ à Mamadi Doumbouya. S’il veut des soutiens dans cette région, il existe d’autres leaders influents. Cette grâce ne doit pas être perçue comme une manœuvre politique, mais comme un premier pas vers la réconciliation nationale, » martèle-t-il.
Alors que les débats autour de cette décision se poursuivent, une question demeure : cette mesure marquera-t-elle le début d’un véritable processus de réconciliation en Guinée, ou s’agit-il d’un geste isolé aux motivations plus complexes ?
Saliou Keita